Duchemin de Villiers - Tome II

Duchemin de Villiers (Jacques-Ambroise), président au tribunal de Laval et historien, né le 22 juin 1764 de Jacques D. de la Maisonneuve et d'Artémise-Catherine-Marie-Anne Touchard, était non le petit-neveu, comme il le dit, mais l'arrière-petit-neveu de René Duchemin du Tertre, l'abbé généalogiste. Après des études classiques faites à Laval, il prit sa licence en droit à la Faculté de Rennes en 1785 et se fit inscrire, le 21 novembre de la même année, avocat au siège ordinaire de Laval. Il commença dès lors à annoter la coutume du Maine et à résumer pour son compte les causes débattues devant lui. Nommé procureur syndic du district de Laval le 8 juillet 1790, il se trouva bientôt en face de prescriptions administratives que sa conscience réprouvait et donna sa démission le 8 février 1791. Obligé de plaider la cause des opprimés devant les nouveaux tribunaux et devenu suspect par là même, il se vit, le 25 mars 1793, au nombre des quarante détenus qu'on enferma aux Bénédictines. Cette société honorable entre toutes le choisit comme comptable et secrétaire. Remis en liberté le 12 juillet, il se retira à la campagne d'abord, au pays de Vaiges, puis à Paris, où il fut de nouveau emprisonné. Son père et sa mère l'étaient eux-mêmes à Laval depuis le 14 janvier 1794. Mme Duchemin succomba et son mari seul fut rendu à la liberté le 21 août 1794. L'ex-procureur syndic était libre depuis le 16 août au moins. Il se fixa à Chartres, chez M. Guyot, homme de loi. La pacification le ramena à Laval au mois de juin 1796 ; il s'éloigna de nouveau en 1797, jusqu'à la paix définitive en 1800.

Juge suppléant au tribunal de première instance de Laval le 21 avril 1811, conseiller de préfecture sous la Restauration, il conserva ses fonctions pendant les Cent-Jours et s'efforça, sans y réussir complètement, à prévenir les conflits entre royalistes et impérialistes également armés. Louis XVIII le nomma procureur et bientôt président au tribunal de première instance, et Charles X lui conféra la croix de la Légion d'honneur en 1825.

Le 12 août 1830, M. de Villiers adressa à M. le comte d'Andigné, premier président de la Cour d'appel, sa démission et, donnant une nouvelle direction à sa vie, se consacra entièrement aux études historiques. La bibliothèque qu'il s'était formée contenait plus de 6.000 volumes, choisis avec un goût de bibliophile et d'homme studieux. Laissant la botanique, qu'il avait étudiée plus jeune sous la direction de Jussieu et de Louis-Claude-Marie Richard, en 1795 et 1796, il se livra spécialement à l'histoire locale, mais en généralisant ses conclusions pour donner à ses études une portée supérieure. Les Essais sur l'histoire de Laval, et les Essais sur la Féodalité, qui suivirent 1837, sont le fruit de longues et patientes recherches. Il les communiqua à Augustin Thierry et à M. Marchegay. Il laissait aussi de nombreux manuscrits personnels : Cours complet de jurisprudence, à l'état de projet et d'indication de sources : — Recueil de sentences, commencé en 1785 ; — Recueil d'extraits, analyses, remarques, notes, depuis la jeunesse de l'auteur jusqu'à sa mort ; — Notes sur les événements qui se sont passés à Laval. 1814-1843 ; — Notes sur le code civil ; — Notes sur les abeilles ; — Notes météorologiques, 1817-1837 ; — Catalogue méthodique de sa bibliothèque. La plupart de ces manuscrits sont entrés à la Bibliothèque de Laval, dans le fonds Couanier. M. Duchemin de Villiers mourut, âgé de 82 ans, le 5 août 1840.

== (Artémise), sœur et filleule du précédent, née en 1773, entretint avec son frère, de 1789 à 1800, une correspondance fort précieuse pour l'histoire de la Révolution à Laval. J'en ai publié les extraits sous le titre de Mémoires épistolaires sur la Révolution à Laval. Les originaux beaucoup plus étendus sont au fonds Couanier (Bibl. de Laval). La jeune sœur de M. Duchemin, qui n'avait que vingt ans en 1793, se révèle dans ces lettres intelligentes d'un caractère viril, bonne conseillère. Mlle Duchemin aurait encore, suivant l'attribution de M. Queruau-Lamerie, composé un Dictionnaire lavallois ou liste des locutions particulières au pays de Laval, précédé d'une épître dédicatoire à l'abbé Chéhère, curé de la Trinité (1810). Ce dictionnaire contient 250 mots environ. Elle ne quitta pas Laval aux plus mauvais jours. Plus tard elle se consacra à toutes les bonnes œuvres de la ville, se dévoua également pour son frère et pour ses neveux et mourut, âgée de 75 ans, le 6 mars 1848.