Charchigné - Tome I

Charchigné, con du Horps (5 kil.) ; arrond. de Mayenne (23 kil. N.-E.), à 53 kil. de Laval.

Sarciniacum super Meduanam du testament de saint Aldric ne s'applique ni à Charchigné ni à Sacé, mais à Sarcigné, vill. en Saint-Loup-du-Gast. — Parrochia de Charcineio, 1277 (Lib. albus, 2e p. mss.). — R. de Carciniaco, 1314 (Martyrol. du chap. du Mans). — La paroisse de Charcigné, 1401 (Bull. de la Comm. hist. de la M., t. VIII, p. 127). — Charcigné, 1477 (Arch. nat., R/5. 382). — Eccl. de Charcigné, XVe s. (Pouillé). — La cure Saint-Pierre de Charchigné, 1508 (Arch. nat., X/1a, 147, f. 69). — Charcigné, 1598 (Ins. eccl.). — L'église Saint-Pierre de Charchigné, 1668 (Reg. par.). — Chevaigné en Lassay (sic), 1696 (Miroménil). — Eccl. de Charcigné, 1682 (Ins. eccl.). — Charigné, 1715 (Carte cénom.). — Saint-Étienne et Saint-Pierre de Charchigné, 1726 (Ins. eccl.).

Géologie. — « Le massif granitique de Lassay pénètre à l'O. en formant un triangle dont le sommet est au S. du bourg ; des schistes précambriens, modifiés par ce granite, forment le sous-sol du reste de la commune, c'est-à-dire les trois quarts de celle-ci. » D.-P. Œ.

La route de Javron à Lassay, qui traverse la paroisse de l'E. à l'O., marque exactement la ligne de partage des eaux, tous les ruisseaux du canton N. s'en allant à la Mayenne, tandis que ceux qui sont au S. gagnent dans un sens absolument opposé la rivière d'Aisne. L'inclinaison générale du sol est, à partir du bourg qui se trouve sur le bord d'un plateau de 240 m. occupant la partie O. du territoire, dans la direction de la limite E. qui n'atteint plus que 180 m. d'altitude. — « Le bourg est beau, sur le chemin de Villaines à Lassay », dit Davelu (1780). Ce chemin a été emprunté en partie par le chemin vicinal du Ham et par la route départementale de Lassay. Aujourd'hui le bourg se trouve relié avec Javron (5 500 m. E.) ; le Ham (5 000 m. S.-E.) ; Le Ribay (4 kil. S.) ; le Horps (5 kil. S.-O.) ; Lassay (7 500 m. N.-O.) ; la Baroche-Gondouin (7 kil. N.) ; Saint-Julien-du-Terroux (8 kil. N.) ; Chevaigné (4 kil. N.-E.).

Superficie cadastrée en 1840 par M. Godefroy, 1491 hect. — 20 métairies, 40 bordages ; les trois quarts du sol en terre à seigle, avoine, sarrasin ; un quart en landes, 1696. — « Le sol produit du seigle, de l'avoine et du sarrasin », écrit Le Paige. Dans leurs cahiers de 1789, les habitants disent que leur paroisse renferme beaucoup de bois, de landes et de terrains incultes ; que le sol très difficile à cultiver « ne produit encore jamais de froment ; mais seulement du seigle, de l'aveine et du sarazin, qui est sa majeure production. La terre, après avoir produit pendant trois ans tout au plus, est de nature à se reposer au moins quatre ans avant de pouvoir rien produire ». Ces plaintes, si on les prenait à la lettre, ne feraient pas l'éloge des cultivateurs. — Il y avait cinq moulins à bled sur le ruisseau d'Anglenne, en 1706. On exploitait à la fin du XVIIIe s. des carrières « d'une pierre de grès », bonne pour la bâtisse (Davelu).

Population. — Moyenne des naissances : 34, de 1700 à 1710 ; — 170 feux en 1696 ; — 543 hab. en 1726 ; — de 600 à 700 communiants en 1780 ; — 741 hab. en 1803 ; — 925 hab. en 1821 ; — 985 hab. en 1831 ; — 991 hab. en 1841 ; — 998 hab. en 1851 ; — 931 hab. en 1861 ; — 969 hab. en 1871 ; — 912 hab. en 1881 ; — 748 hab. en 1891 ; — 775 hab. en 1898, dont 222 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 50 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 96 fermes en 1843. En dépendent : les Écherets, 35 hab. ; — la Haie, 21 hab. ; — la Masure, 20 hab. ; — la Chauvière, 16 hab.

Bureau de poste et perception du Horps.

Assemblée à la fête patronale de la Saint-Pierre.

Paroisse autrefois de l'archidiaconé de Passais, du doyenné de Javron ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne, du grenier à sel de Lassay ; — du district de Mayenne et du canton du Horps en 1790 ; — de la mission de Javron en 1797, érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de Notre-Dame de Mayenne et du doyenné du Horps.

L'église, dédiée à saint Pierre, a été reconstruite en partie en 1857 et 1860 (architecte Godin, de Lassay). La chœur et l'une des deux chapelles, autrefois sous le vocable de Saint-Étienne, et maintenant sous celui de Sainte-Anne, ont été conservés et harmonisés avec les parties neuves, savoir la nef, la chapelle de la Vierge et la tour. On remarqua en la démolissant que la nef, le pignon surtout, était faite d'un ciment extrêmement solide. Toutes les ouvertures avaient été refaites et étaient sans caractère. Le retable du maître-autel et le mobilier de l'église furent brûlés sur la place pendant la Révolution. Les travaux exécutés dans l'église et signalés dans les anciens comptes ou registres, sont : la décoration de la statue du patron en 1633 et 1669 ; la réfection et la peinture du lambris par Henri Bergue, menuisier et peintre, en 1770 ; la façon de la « chèze » par François Quentin, pour 100 , en 1764 ; la décoration de l'autel de Notre-Dame en 1641, pour 40  ; l'achat d'une horloge, en 1783, précédé de l'installation d'un cadran solaire dans le cimetière en 1693 ; la fonte et la bénédiction des cloches en 1662, en 1728 (nommées alors par le seigneur d'Hauteville), en 1828, fondeur, François Collard, de Falaise. — Dans l'église actuelle toutes les colonnes sont flanquées de grandes statues : du Sacré-Cœur, de saint Joseph, saint Mathieu, Notre-Dame, saint Dominique, saint Stanislas, saint Antoine de Padoue, saint Hubert et saint Roch. — On remarque l'autel principal qui est de bon style.

Fondations anciennes : la chapelle de Saint-Gilles dotée entre autres biens d'une dîme par Jean de Logé, vers 1467. Parmi les titulaires : Jean-Baptiste Bignon, doyen de Lassay et curé de Saint-Fraimbault, 1749 ; Paul-Dominique-Nicolas Bignon, de Lassay, 1790 ; — deux messes par semaine fondées en 1625 par Pierre-Bilheust, 1625 ; — la messe du Saint-Sacrement, chantée tous les jeudis, dotée en 1683 par François du Rabareul, curé. Les chapelles du Fougeray, dont était chapelain en 1610 Michel Damoiseau, et celle des Vaux, d'un revenu de 120 , à la présentation du seigneur d'Hauteville, se confondaient probablement avec les précédentes.

La confrérie de Saint-Sébastien, antérieure à 1587 et enrichie d'indulgences par bref d'Innocent XI, le 16 avril 1682, était en grande faveur.

Cure, à la présentation de l'évêque qui percevait le tiers des dîmes affermé 254 , en 1715. Une métairie au Fougeray faisait partie du temporel de la cure, 1558.

Curés : Jean Fauvel, 1463. — Étienne Fauvel, doyen de Javron, † avant 1509. — Guillaume Couppeau, maître ès arts de Paris, maintenu contre Robert Maceot, 1509. — Étienne Lemesnager, doyen de Javron, démissionnaire, 1558, se retire au lieu de la Cuchonnière, en Charchigné, et fonde une messe par semaine, 1559. — Nicolas Lemesnager, neveu et résignataire du précédent, 20 janvier 1558,

† 1593. — Robert Geré, de Charchigné, 19 janvier 1593. — François Gaudin résigne, 1598. — Marin Loyson, 30 août 1598, « de présent au collège de Séez à Paris » ; le 25 août 1603, il révoque la résignation qu'il avait faite le 22 à son frère, Louis L. ; est maintenu dans sa cure contre Michel Damoiseau, étudiant au collège de Séez, et Jean Fleury, prêtre du Mans, qui s'en étaient fait pourvoir, 1604, après le décès de Louis Loyson ; démissionne « in infirmitate constitutus », 1625. — François Douillé, neveu du précédent, demeurant à Paris, juin 1625, † 1667. — Louis Chesneau, maître ès arts, 13 octobre 1667, maintenu contre Roch Lendemaine, aussi maître ès arts, démissionne, 1669. — François du Rabareul, demeurant à Lassay, 17 septembre 1669, † 1684, fonda l'école des garçons. — César Guyard, maître ès arts, demeurant à Mayenne, 17 avril 1685, maintenu contre Noël Drouard et François Bidard, gradués, † 1705. — Jean Foucher, demeurant à Saint-Fraimbault-de-Lassay, 18 septembre 1705, résigne, 1726. — Julien Bouvier, possesseur non paisible de la cure de Pré-en-Pail, 8 janvier 1726. — Antoine Motreul, de la paroisse d'Aulaine, entré en possession, le 7 février 1765, doyen de Javron, 1768, démissionnaire, 1775. — René Euzanne, vicaire de Grazay, 9 novembre 1775, était au dire de ses supérieurs, en 1778, « sérieux, un peu mélancolique, d'une santé faible ; son église était mal tenue », † 1786. — Gilles Mauduit, du diocèse de Coutances, vicaire d'Aron, installé le 2 juin 1786, offrit, avec son vicaire, le 11 février 1791, de prêter un serment avec restriction, mais la municipalité refusa de le recevoir, conformément aux ordres qu'elle avait reçus du directoire du district de Villaines. Il put cependant continuer son ministère jusqu'après le 30 septembre 1791, date de son dernier acte signé et fut ensuite déporté à Jersey où il habitait en 1793. — Antoine Lebrun, vicaire, né à Mauvien (Calvados), en 1759, suivit l'exemple de son curé et partagea son exil. Rentré à Charchigné, en 1800, il administra cette paroisse et y resta curé en 1803, grâce aux instances du citoyen maire et notaire, Jean-Baptiste Le Besneux, qui fit écarter par le préfet, à cause de ses opinions royalistes. Jean Robeveille, ancien vicaire de Saint-Fraimbault-de-Lassay, nommé au Concordat. M. Lebrun mourut en fonction le 18 janvier 1833. Adrien Morice, du Housseau, nommé intrus de Charchigné, le 11 septembre 1791, sur le refus de Martin Poisson, vicaire de la Bigottière, y resta jusqu'à la Terreur, se rétracta en 1795, et, à partir de cette époque, desservit la paroisse avec MM. Robeveille, René Lemaître, chapelain d'Hauteville, et André Renard, vicaire de Trangé (Sarthe). — Cœuret, 1833, 1840. — Carlet, 1850. — Billion, 1853-1858. — Leroy, 1858-1897. — Chevreuil, 1897.

Le presbytère, bâti à neuf et assez beau, dit Davelu, était en bon état en 1802.

Le cimetière environnant l'église a été transféré sur la route de Saint-Julien en 1875.

M. du Rabareul, curé, avait fait un legs en faveur des pauvres en 1683.

Écoles. — D'après la fondation de François du Rabareul, 1683, le titulaire de la prestimonie du Saint-Sacrement était obligé « de tenir des écolles pour les enfants de la paroisse », gratuitement pour les pauvres. L'école est qualifiée « collège » en 1777. — Aujourd'hui, écoles laïques pour les deux sexes.

Féodalité. — La seigneurie de paroisse appartint de tout temps aux seigneurs d'Hauteville. Robert de Charchigné, témoin d'un acte concernant le chapitre du Mans en 1314, était plutôt originaire que seigneur de C.

Notes historiques. — Quincé et peut-être Valoré sont aussi bien que Charchigné des noms gallo-romains ; Hauteville, les Écherets, Couabault, Anglaines, la Celle, la Mazure et le Chalonge sont aussi des premiers lieux dénommés de la paroisse. — L'enquête archéologique de 1838 signale la découverte d'un cercueil en terre cuite et en ciment de forme voûtée dans lequel étaient deux squelettes, la face tournée au levant. — Hamelin Booul, écuyer, vendit en 1277 pour 60  une rente de 7  tournois qu'il possédait sur les dîmes de C., pour assurer la fondation en l'église du Mans, de l'anniversaire de Jean de Saint-Samson, archidiacre de Château-du-Loir. — Pendant les années 1356 à 1364, un paroissien de Charchigné, alla demeurer au château de Lassay, « pour occasion et doubte des guerres et Anglois qui pour lors estoient dans le païs ». — Les gens de guerre occupaient le bourg au mois de novembre 1573. — Les cahiers de 1789, qui semblent rédigés par Jean-Baptiste Le Besneux, notaire et procureur syndic, sont franchement révolutionnaires, demandant dès cette époque la suppression des maisons religieuses et la vente au profit de l'État de biens ecclésiastiques. Le pillage du château d'Hauteville fut aussi une manifestation de l'esprit révolutionnaire, mais dont la responsabilité revint plutôt à quelques meneurs du canton. — Vers le 12 juillet 1799, le capitaine Lahorie fut blessé dans un engagement qu'il eut avec les Chouans à C. — Baguelin, capitaine de la paroisse, avait au mois d'août 1799 une compagnie de 32 hommes. — Thebault, dit Brise-Bleu, qui avait et le grade de lieutenant dans l'armée de Bourmont, reçut un fusil d'honneur en 1824.

Maires : Jean-Baptiste Le Besneux, 1791. — Charles Berson, 1798. — Forlon, 1800, 1803. — Jean-Baptiste Le Besneux, 1803. — Cosseron, 1821, 1830. — Leroux, 1835, 1840. — Duhail, 1850. — Chaumézière, 1855. — Le Bourdais-Durocher, 1858, 1878. — Chaumézière, 1878-1892. — Baroche, 1892.

Reg. par. à la mairie depuis 1700 ; au greffe de Mayenne depuis 1688. — Quelques titres à la fab. — Chart. de Torcé et de Lassay. — Bull. de la Comm. hist. de la M., t. III, p. 132. — Arch. de la M., L. 50. — Arch. nat., F/1c, III, Mayenne, 6. — Notes de M. Chevreul, curé.
Pour les localités, voir les art. Doueté et Hauteville.