Couesmes - Tome I
Couesmes, con d'Ambrières (10 kil.), de l'arrond. de Mayenne (21 kil. N.), à 51 kil. de Laval.
Apud Coismes, 1241 (Arch. nat., L. 970). — P. de Coymes, 1284 (Cart. de Fontaine-Daniel). — Ecclesia de Coysmes, XVe s. (Pouillé). — Coesmes, 1588 (Tit. de la fab.). — Égl. N.-D. de Coesmes, 1606 (Reg. par.). — Couesmes (Jaillot). — Coesmes (Carte cénom.). — Couesme (Cassini). — Couesme (Le Paige).
Géologie. — « Au S., granite ; au N., schistes précambriens métamorphiques ; le tout coupé par des filons de diabase, dont le plus important, dirigé N.-N.-O. S.-S.-E., passe à l'O. du bourg de Couesmes. — Quelques petits lambeaux de graviers à galets de quartz et de limon des plateaux en relation avec la topographie. » D.-P. Œ.
Commune d'une configuration bizarre avec son bourg rejeté à la limite O. Si l'on en retranchait le canton N., très peu étendu, il ne resterait qu'une bande étroite, de 10 kil. de long, atteignant la Varenne à l'E. et limitrophe de Brécé à l'O. Entre deux affluents très ramifiés de la Varenne, le sol offre des accidents variés, s'abaissant à 118 m. dans les vallées, tandis que de nombreuses collines cotent des altitudes de 166, 172, 176, 192 m. — Le grand chemin tendant du bourg à Saint-Fraimbault est mentionné en 1606. Jaillot fait passer au bourg la route de Ceaulcé à Gorron. Aujourd'hui le bourg est relié par des chemins de diverse importance avec la Varenne (5 kil. E.) ; — le Pas (2 500 m. S.) ; — Gorron (9 kil. S.-O.) ; — Vaucé (2 kil. O.) ; — Saint-Fraimbault-sur-Pisse (4 kil. N.) ; — Soucé (4 kil. N-E.).
Superficie, cadastrée en 1839 par M. Chauvellerie, 1 738 hect. — « Le fonds est bon, écrit Miroménil, 1696, produisant bled, avoine, sarrasin ; 21 métairies. » Cette qualification est incompréhensible car la paroisse était misérable et les habitants connus sous les sobriquets de « biquetiers et genotiers » de Couesmes. M. Douyet, curé de 1769 à 1792, transforma cette pauvre paroisse en un atelier de filage et de tissage à la main, fournissant l'outillage et les matières premières aux plus pauvres, faisant des avances à tous. Les hommes filaient comme les femmes. Les fermiers cultivaient le lin ; des marchands s'occupaient des achats et de la vente. Le curé se faisait rendre compte toutes les semaines des diverses opérations. Il établit un moulin à gruau et à sarrasin qu'un cheval faisait mouvoir et qu'on appela le moulin de la Charité ou de la Religion. Le cahier des doléances rédigé sans esprit de récrimination témoigne des bons effets de ce gouvernement paternel.
Population. — Moyenne des naissances : 45, de 1610 à 1620 ; — 50, de 1700 à 1710 ; — 213 feux en 1696 ; — 211 feux en 1698 ; — 201 feux en 1700 ; — 194 feux en 1715 ; — 957 hab. en 1726 ; — 222 feux en 1732 ; — de 950 à 1 100 communiants en 1778 ; — 1 726 hab. en 1803 ; 1 551 hab. en 1821 ; — 1 610 hab. en 1831 ; — 1 638 hab. en 1841 ; — 1 492 hab. en 1851 ; — 1 390 hab. en 1861 ; — 1 417 hab. en 1871 ; — 1 307 hab. en 1881 ; — 1 179 hab. en 1891 ; — 1 138 hab. en 1898 ; dont 160 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 79 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 86 fermes en 1843. En dépendent : la Vallée, 50 hab. ; — la Galardière, 29 hab ; — les Biais, 29 hab. ; — la Haute-Cribière, 23 hab. ; — la Passonnière, 20 hab. ; — la Sébilais, 36 hab. ; — la Haute-Gautraie, 24 hab. ; — la Martinière, 22 hab. ; — le min de Couesmes.
Bureau de poste établi en 1890, auquel fut uni, 1892, un bureau télégraphique. — Bureau de perception pour : Couesmes, Le Pas, Soucé et Vaucé.
Assemblée traditionnelle à la Saint-Julien.
Paroisse, anciennement de l'archidiaconé et du doyenné de Passais au Maine ; de l'élection de Mayenne, du ressort judiciaire de Mayenne et de Lassay ; du grenier à sel de Lassay ; — du district de Mayenne et du canton de Saint-Fraimbault-sur-Pisse en 1790 ; — de la Mission de Domfront en 1797, érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de N.-D. de Mayenne et du doyenné d'Ambrières.
L'église, dédiée de tout temps à la sainte Vierge et non à saint Julien qui n'était que le patron d'une chapelle, a quatre chapelles symétriques : deux grandes ouvrant sur le chœur, deux plus petites prises sur la nef. Il n'y a que trois autels avec retables en bois d'un assez bon travail. Au midi est l'autel de la Vierge, au nord celui de Saint-Roch avec statue de saint Antoine, ermite, et à l'entrée du chœur deux énormes groupes de N.-D. de Pitié et de Saint-Joseph avec l'Enfant-Jésus. On signale plus anciennement l'autel de Saint-Julien, « patron et évesque du Mans », où Pierre Bougrain, prêtre, fonda le 22 août 1530 une chapelle chargée d'une messe tous les vendredis ; — la « chapelle neuve, » construite avant 1623, par Alain Drouet, sieur de la Brosse, et Renée Hamon, avec fondation de la messe du saint nom de Jésus. La confrérie du Rosaire datait de la même époque. Les statues de saint Yves et de saint Siméon étaient également vénérées. Quant à la fondation de Saint-Léger, elle se desservait sans doute dans la chapelle de ce vocable, encore indiquée en ruines par Jaillot (1706) à l'O. du bourg, mais probablement délaissée dès 1577. — La litre seigneuriale est encore apparente du côté N., extérieurement.
Cure à la présentation de l'abbesse de Saint-Julien-des-Prés, au Mans.
Curés : Jacques Bougreau se démet au Mans, le 11 janvier 1559. Sa mort, survenue quelques jours après, occasionne de nombreuses compétitions. — Jean Pichard, du diocèse du Mans, maître ès arts, principal du collège de Champagne, à Paris, 3 juillet 1560, maintenu contre : François Bellot, du clergé de la cathédrale du Mans ; Julien Arnoul, bachelier en décrets ; Ladislas Le Sueur et François Carreau, maîtres ès arts ; permute, 1564. — Michel Blouyn, curé de Saint-Martin-de-Danmartin, au diocèse de Chartres, décembre 1564, demeure à Paris, 1578, résigne sans effet à Julien Bethon et meurt, 1581. — Mathurin Dubois, 18 août 1581, démissionne, 1585. — Pierre Le Paige, 26 juillet 1585, se démet au Mans où il demeure, 1594. — Mathurin Bellanger, prêtre habitué à la cathédrale du Mans, 2 juin 1594, résigne, 1600. — François Gastin, diacre, demeurant à Mayenne, 11 juillet 1600, démissionne, 1604. — Jean Madré, demeurant au presbytère de Belgeard, mars 1604. — Jean Lebrun, † 1630. Jacques Crosnier, prieur de Saint-Michel-sur-Loire, au diocèse de Tours, s'était fait pourvoir de la cure en 1627, et Jean Fusier est présenté par l'abbesse du Pré, le 23 mai 1630. — Jacques Barré, docteur en théologie, † 1641. — Julien Lebrun, 4 juillet 1641, maintenu contre Pierre Le Crosnier, maître ès arts, conseiller et aumônier du roi, résigne, 1659. — René Carré, chapelain de Saint-Michel et de Saint-Antoine à N.-D. de Paris, 15 décembre 1659, † 1687. — Henri-Alexandre Tréhot de Clermont, du diocèse de Chartres, maître ès arts, l'un des curés du Pré, 11 mai 1687, se démet le 8 décembre suivant. — Julien Morice, demeurant au Mans, 1687, † 1721. — Michel Bougrain, du diocèse de Bayeux, chapelain de Saint-Julien en l'église de Couesmes, décembre 1721, maintenu contre Jacques Carré, de Couesmes, † 1742. — Michel Mareau, vicaire de Conlie, 19 novembre 1742, résigne le 3 janvier 1770. — Jean-Baptiste Douyet, vicaire de Vaucé, où il était né le 9 novembre 1731, installé le 9 juin 1770, fut le bienfaiteur insigne de la paroisse. Il créa l'industrie du tissage, restaura les écoles, fournit à ses frais à tous les pauvres le secours d'un médecin, et mérita sans conteste cet éloge : « bon curé, charitable, zélé pour son église, est aimé de sa paroisse où il fait le bien » (note de l'évêché en 1778). Malgré le serment parfaitement catholique qu'il prêta avec ses deux vicaires, le 20 février 1791, il put gouverner sa paroisse jusqu'après le mois de mars 1792. Obligé de la quitter dans les premiers jours de juin pour aller se constituer prisonnier à Laval, il légua tous ses biens aux pauvres et aux écoles, mais son testament ne fut pas exécuté. Des Cordeliers de Laval, M. Douyet fut interné, le 14 octobre, à Patience, où il mourut le 22 juin 1793. Ses deux vicaires suivirent son exemple, quittèrent avec lui le presbytère et subirent les mêmes persécutions. François-Julien Lamy fut déporté en Angleterre, et nommé en 1803, à la cure de Lévaré. — Pierre Brionne, chargé de l'école des garçons, fut rappelé d'Angleterre par les habitants de Couesmes et commença à exercer publiquement le ministère, le 3 juin 1801. Au Concordat il fut nommé curé et mourut le 14 octobre 1831. La paroisse fut desservie par Charles-Henri Eudes-Dupont, prêtre catholique de Mantilly et surtout par André Renault, prêtre insermenté de Passais, qui fut en 1801 le coopérateur de M. Brionne, puis son vicaire. Jacques Lebossé, vicaire de Torchamp, intrus de Couesmes, le 6 juin 1792, y resta jusqu'à la fin de 1793 malgré l'opposition presque unanime des habitants. — Gillard, 1831, † 1881. — Grégoire Lemonnier, 1881-1886. — Auguste-Marie Mezières, 1886, † 1892. — Gillard, 1895.
Le presbytère était à peine habitable ; il vient d'être reconstruit.
Le cimetière, récemment encore autour de l'église, a été transféré depuis un an à 400 m. du bourg. La croix restée sur l'ancien emplacement, en granit, avec Christ et la Vierge en relief, fût de 3 m. 70 et base sculptée de têtes humaines, est datée de 1614.
Ecoles. — François Férouelle était maître d'école en 1738, 1743. M. Douyet chargea un de ses vicaires de cette fonction ; la classe se faisait dans la maison actuelle des sœurs. Le bon curé détenu pendant la Révolution dans les prisons de Laval, léguait encore ses biens pour l'école de Couesmes. — L'école des filles existait en 1774. Une des maîtresses soignait les malades et saignait ceux qui en avaient besoin. Il y avait aussi des maîtresses dans les principaux villages. — Actuellement, école laïque pour les garçons, reconstruite depuis 1868. École des filles tenue par les sœurs de la Providence d'Alençon, agrandie en 1872 (devis 7 500 fr., souscription du curé 2 000 fr.).
Le champ de la maladrerie est légué en 1530 à la chapelle de Saint-Julien. Jaillot indique aussi le Gué de la Maladrie, à l'O. du bourg.
Féodalité. — Il est certain que la paroisse de Couesmes est le lieu d'origine de la famille du même nom qui plus tard, sans oublier son berceau, établit surtout sa puissance et sa fortune à Lucé, à Orthe, à Bourgon. La seigneurie de Couesmes, à Ancinnes, n'est qu'une création plus récente qui, au lieu de donner son nom à la famille, l'a reçu d'elle. Payen de Couesmes, chevalier, qui avait épousé Julienne de l'Écluse, achète, par contrat passé à Loches le jour Saint-Hilaire 1289, de Guillaume de la Celle et d'Isabeau, sa femme, tout ce qu'ils possédaient « ès chastellenies d'Ambrières et de Gorron, comme moutonaige, vinaige, deniers et totes autres choses quex que eles soients », pour 400 ₶. Julienne de l'Écluse eut son anniversaire à Évron où les Couesmes eurent au moins dès le XIVe s. leur sépulture. Enfin la paroisse de « Nostre-Dame des Cosmes, » qui ne peut être que Couesmes au Bas-Maine, est la première citée parmi celles où Brisegault de Couesmes ordonne par son testament de l'an 1400 des services religieux. Depuis un temps plus ou moins éloigné, la seigneurie de Couesmes proprement dite et un autre fief, dit de Couesmes et de Lucé, se trouvaient dans les mêmes mains et étaient passés des Couesmes aux sires de la Ferrière, puis aux de Logé, seigneurs du Bois-Thibault. La division se fit au commencement du XVe s. et se maintint pendant deux siècles. Couesmes échut avant 1476 à Olivier de la Chapelle, seigneur de Moiré, fils de René de la C. et de Renée de Logé ; passa à Jean d'Auteville, mari de Françoise de la Chapelle, qui la possédait en 1507, puis à la famille de la Ferrière. A ce titre, Jean de la Ferrière donne quittance des ventes du contrat d'une maison située près du bourg du Pas, en la seigneurie de Couesmes, 1561 ; — Françoise de Raveton est dame des fiefs et « sieurie » de Couesmes, 1590 ; — René de Froullay, lieutenant-général des armées du roi, nomme avec Marie-Françoise Aubert d'Aunay, sa femme, une cloche de la paroisse, 1701. — Quant aux fiefs de Couesmes et Lucé, ils appartiennent en 1404 à Henri Conilleau ou Cornilleau ; en 1500 à Jean Cornilleau, seigneur de la Beraudière, dont hérite en 1501 Raoul de Saint-Melaine, seigneur du Bourg-l'Évêque, mari de Jeanne Cornilleau ; à Jean de Saint-Melaine en 1607, et enfin à Pierre du Bailleul par acquisition, 1657, lequel les réunit à sa seigneurie de Gorron, en 1659. — La seigneurie de Brécé en relevait.
Notes historiques. — Froullay, Bure, Coulonges, Fontenay, Montsollier et Montcorbeau, sont des localités anciennement dénommées.
Le cahier de 1789, revêtu de vingt et une signatures, demande que « ceux qui seront imposés à la taille puissent se cotter les uns contre les autres, comme cela se fait en Normandie, pour que les collecteurs ne puissent user de vengeance ». Il réclame aussi l'abolition des privilèges, et l'arrestation des mauvais sujets, fainéants et libertins. — La paroisse, favorable aux royalistes, était avec la division d'Ambrières sous le commandement du général de Frotté.
Maires : Cosnard-Plessis, 1791. — Sébastien Ferret, 1798. — Fieudais-Jamin, 1800, 1803. — Guillard-Fresnay, 1821, 1824. — Ferré, 1827, 1830. — Guillard, 1835, 1840. — Ferré, 1850. — Fourré, 1855, 1870. — Drouet, 1870-1882. — Jamin, 1882-1893. — Fourré. 1893.
Reg. par. depuis 1606. — Arch. nat., R/5. 395, f. 154 ; Q/1. 699 ; Q/3. 78 ; G/7. 525. — Hôpital et fab. d'Ambrières. — Tit. de la fab. du Pas. — Lib. fund., t. III, p. 13 ; t. IV, p. 295. — Revue du Maine, t. XII, p. 57 ; t. XIII, p. 88. — Cart. de Fontaine-Daniel. — Bull. de la Comm. hist. de la M., t. I, p. 21 ; t. III, p. 39. — Notes mss. de MM. Gillard, curé, et marquis de Beauchesne.
Pour les localités, v. les art. : Ruglaire, Coulonges, Fontenay, Froulay, Montcorbeau.