Ham (le) - Tome II

Ham (le), con du Horps (7 kil.) ; arrond. de Mayenne (22 kil. E.-N.-E.) ; à 52 kil. de Laval.

Villa de Ham, 832 (Gesta Aldrici). — Ecclesia de Ham, 1095 (Cart. de Saint-Vincent, ch. 626). — Ecclesia sancte Marie de Ham, 1098 (Ibid., ch. 576). — Parrochia Sancte Marie de Ham, fin du XIe s. (Ibid., ch. 826). — Parrochia de Han, 1231 (Cart. de Fontaine-Daniel, p. 144). — La paroisse dou Ham, 1312 (Bibl. nat., fr. 8.736). — Les grans boais dou Han, v. 1450 (Arch. de la S., E.300). — Ahan, XVe s. (Pouillé de M. Ledru). — Ecclesia de Hanno, XVe s. (Pouillé). — Le Ham (Jaillot). — Le Han (Carte cénom.). — Le Ham (Cassini). La prononciation populaire est Le Han.

Géologie. — « Les schistes précambriens sont dominés au sud par une bande sinueuse de poudingue pourpré, bien caractérisée au sud du bourg où elle constitue une crête atteignant les hauteurs de 222 et de 259 m. Cette assise est surmontée par des couches cambriennes (silurien inférieur) peu importantes, auxquelles fait suite une série complète du Silurien moyen et supérieur, composée d'une succession de bandes, parallèles aux couches cambriennes, et sinueuses comme elles. On constate la présence des assises suivantes : grès armoricain (Bel-Air, Haute-Folie) ; schistes à Calymene Tristani, fossilifères ; grès de May (le Cruchet (cote 292) la Buinière, Haut-Éclair, la Bourdaiserie) ; schistes à Trinucleus ; enfin, grès culminant constituant une dernière crête qui domine la région argileuse des schistes ampéliteux, dans laquelle se sont accumulées les argiles provenant de la décomposition de ces schistes (les Aunais, la Boutevillière). » D.-P. Œ.

Territoire montagneux qui s'enclave dans un angle formé par l'Aisne au nord et à l'est la Fraubée, son affluent. Des coteaux du S. et de l'O. (308, 292, 268. 259 m.) des pentes abruptes sillonnées de vallonnements et de ruisseaux déclinent rapidement au fond des deux vallées profondes (160 m. et au-dessous). Ces mamelons, entre lesquels les chemins ne circulent qu'en décrivant des courbes multiples, sont couverts en grande partie par une végétation exubérante de mousses, de lichens et de bruyères arborescentes. — La route de Villaines à Lassay passait, d'après Jaillot, à l'E. du bourg. Il est relié aujourd'hui à Villaines-la-Juhel (9 kil. S.-E.) ; Loupfougères (7.500 m. S.) ; Hardanges (6 kil. S.) ; le Ribay (3 kil. O.) ; Charchigné (5.500 m. N.-O.) ; Javron (6 kil. N.) ; Villepail (10 kil. N.-E.).

Superficie, cadastrée en 1839 par MM. Dezé et Godefroy, 2.528 hect. — « Les deux tiers, dit Miroménil (1696), sont en terre à seigle, avoine et sarrasin, l'autre tiers en landes ; 20 métairies, 40 bordages ». — « Beaucoup de landes, paroisse assez pauvre » (Davelu). Les habitants — Davelu dit encore qu'à cause de leur grossièreté on les nommait les « animaux du Ham » — remontrent en 1789 « qu'il y a de très grands terrains incultes, capables de produire de très abondantes moissons, que la puissance des nobles réclame comme à elle appartenans », et demandent « que les bruyères, landes,… soient laissées à la discrétion des pauvres pour y faire naître la fécondité ». Ce travail de défrichement, s'il a été tenté, laisse beaucoup à faire.

Population. — Moyenne des naissances : 34 de 1700 à 1710. — 168 feux en 1696 ; — 184 feux en 1703 ; — 780 hab. en 1726 ; — de 700 à 800 communiants en 1780 ; — 928 hab. en 1803 ; — 941 hab. en 1821 ; — 951 hab. en 1831 ; — 945 hab. en 1841 ; — 958 hab. en 1851 ; — 1.011 hab. en 1861 ; — 1.065 hab. en 1871 ; — 1.117 hab. en 1881 ; — 958 hab. en 1891 ; — 875 hab. en 1898, dont 158 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 69 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 78 fermes en 1843.

Bureau de poste du Ribay ; perception du Horps.

Paroisse, anciennement de l'archidiaconé de Passais et du doyenné de Javron ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire et du grenier à sel de Villaines-la-Juhel ; — du district de Villaines et du canton du Horps en 1790 ; — de la Mission de Javron en 1797, érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de Notre-Dame de Mayenne et du doyenné du Horps.

L'église, dédiée à la Sainte Vierge, est insignifiante dans toutes ses parties, quoique la tour en ait été reconstruite en 1868 (architecte Dromer ; dépenses 9.236 fr.). La chapelle « du côté dextre, sous le vocable de N.-D. de Pitié, » fut bâtie en 1576 par Jean Rabineau, curé et chanoine de Sillé. Il y fondait en même temps sur les lieux de la Buinière et des Aunais deux messes par semaine, dont l'une le dimanche, à l'heure de première messe. Le 1er titulaire fut Mathurin Richomme, 1576, le dernier François-Pierre Letessier, curé de Saint-Jean-des-Échelles, 1790. L'église, au dire de Davelu, 1780, était « assez mal en tout, fort pauvre et mal ornée ». On la trouve en assez bon état en 1802. A l'entrée du bourg, au village de l'Angotière, est un petit oratoire de la Vierge bâti en 1858.

Cure à la présentation de l'abbé de Saint-Vincent du Mans.

Curés : Raoul, fin du XIe s. — Jean Mullot, 1540, † 1554. — Jean Rabineau, maître ès arts, originaire du Mans, pourvu le 22 février 1554, par concordat avec son compétiteur, Michel Duval, aussi maître ès arts. — Ambroise Bouvier se démet à Paris, 1560. — Jean Sohier, 23 juin 1561. — Jean Rabineau, nommé par décès d'Étienne Lemesnaiger, 27 février 1562, † 1579. G. Bourdais et R. Goussin, vicaires, signent le certificat de catholicité, 1577. — Étienne Gesbert, 8 novembre 1579, maintenu contre Jean Richer, résigne, 1603. — Jean Vallée, demeurant au Mans, octobre 1603. — Henri Letourneux se démet, 1650. — Thomas Letourneux, frère du précédent, 5 mars 1650, † 1672. — Mathurin Chapelière prend possession, le 24 mars 1672, devant de nombreux témoins « bénissans et adorans Dieu de leur avoir donné un tel et si bon pasteur », † 1689. — Jacques Gaultier, du diocèse du Mans, demeurant à Paris, 11 juin 1689, † 1690. — Jean Péan, maître ès arts d'Angers, 5 novembre 1690, permute, 1696. — Jean Bouvier, curé de Boulouère ( ?), 31 juillet 1696, démissionne, 1701. — Jean Maret, prêtre habitué au Mans, 18 novembre 1701, † 1735. — Mathieu Ledru, 11 mars 1735, permute et meurt, 1742. — Louis Launay, neveu du précédent, chapelain de Notre-Dame de Pitié, juillet 1742, est refusé par l'évêque « parce qu'il ne pourrait procurer l'édification de la paroisse … passant pour un esprit turbulent », et maintenu par arrêt du parlement contre Claude-Julien Jardin, gradué, vicaire du Horps. Jacques Levillain fut commis pour desservir la cure et, en 1746, Nicolas Lejolly, vicaire du Ham, qui fit condamner, en 1748, deux hommes du bourg pour l'avoir insulté pendant le service divin. Louis Launay mourut en 1759. — Charles Tessier, vicaire d'Évaillé, 25 septembre 1759, † 1774. — Louis-François-Charles Duportail (V. ce nom), 17 mars 1774 ; « bon prêtre, charitable, conciliant, il a la confiance de sa paroisse et prévient tous les procès ; un peu original » (Note de l'évêché en 1778) ; résigne, 1787. — Nicolas Villette, vicaire de Vivoin, installé le 27 mars 1787, était né à Soligny, près Mortagne, en 1744. Prêtre austère et dévoué, le curé du Ham refusa tout serment et administra sa paroisse jusqu'au 17 août 1791. Chassé alors de son presbytère par l'intrus, dont il attaqua, mais en vain, pour vice de forme, l'élection devant le directoire du département (24 septembre 1791), il exerça alors en secret le ministère au Ham, au Ribay, à Courcité où il avait été vicaire et fut arrêté par deux gendarmes du Ribay le 26 décembre 1792, puis écroué à Patience, d'où il sortit le 16 avril 1793 pour être dirigé sur Bordeaux et de là en Espagne. Rentré au mois de juin 1795, Villette évangélisa le pays de Saint-Cyr-en-Pail et du Ham, fut pris pour la seconde fois le 3 mai 1799, et conduit aux îles d'Oléron et de Saint-Martin-de-Ré, d'où il ne sortit que sur la demande adressée au préfet de la Charente par les habitants de Saint-Cyr, le 12 mai 1800. Il vint administrer cette dernière paroisse et rentra au Ham, le 17 avril 1802, « aux acclamations de joie des habitants qui lui tendirent les bras pour reprendre le gouvernement de leurs âmes et de la paroisse dont il n'avait point cessé d'être le vrai et seul pasteur, fidèle à son état, à son évêque, toujours uni à N. S. P. le Pape ». M. Villette s'empressa de recueillir les actes qui avaient été faits par lui ou par d'autres prêtres catholiques pendant la Révolution et fut maintenu au Concordat dans sa cure, qu'il fut obligé de quitter à la fin de 1803, sur l'injonction du sous-préfet de Mayenne. Il fut transféré à Gennes (Sarthe), où il mourut quelques années après.

Jean-Augustin Mariette, ancien moine assermenté, nommé intrus du Ham le 1er août 1791 ; y fut installé le 15, « à main armée et escorté de bayonnettes », et y resta jusqu'après le 12 janvier 1793.

Pierre Cantpis, vicaire catholique de Trans, 1804-1820. — Renault, 1820-1824. — Jean-Baptiste Maillard, 1824, † 1876. Il dota l'école des filles et laissa une fondation pour une mission. — Blol, 1876, † 1878. — François Launay, 1878-1885. — Jeussiaume, 1885, † 1891. — Pottier, 1891, 1897. — Duhail, 1897.

Le presbytère est indiqué par Jaillot comme manoir ; « assez beau, dit Davelu, mais hors du bourg » ; il était affermé en partie, 1802.

Le cimetière, tout proche de l'église et traversé par un ruiss., a été transféré.

A l'époque où l'église leur fut donnée, les religieux de Saint-Vincent y établirent un prieuré, obedientia, dont on connaît les premiers titulaires : Geoffroy Le Petit, Robert, qui lui succéda et Herbert, prefectus monachorum ejusdem loci. Tous sont des dernières années du XIe s. ou des premières années du XIIe s. Depuis lors ce bénéfice, réuni à l'abbaye, n'est plus mentionné.

Écoles. — La fondation du collège de Villaines, en 1656, contient une clause expresse en faveur de la paroisse du Ham. En 1789, les habitants demandent que toutes les dîmes soient attribuées aux curés, « qui pourroient procurer l'éducation de la jeunesse de leur paroisse par des maîtres et maîtresses de leur choix. — Une sœur, nommée Gonnet. « établie pour le soulagement et l'instruction des habitants, qui par son zèle, ses mœurs et son intelligence, méritoit l'estime publique », était en fonctions dans la paroisse en 1776. Plainte est portée contre des particuliers « assez mauvais et assez peu reconnaissants pour prendre à tâche d'insulter et de maltraiter cette sœur et même les ecclésiastiques de la paroisse ».

L'abbé Jouannault (V. ce nom) qui donna à l'hôpital de Villaines le lieu du Chesnay, du Ham, comprenait les pauvres de cette paroisse parmi ceux qui devraient en bénéficier.

Féodalité. — La terre du Ham, diversement qualifiée suivant les époques, était dans la mouvance de Lassay. On dit qu'elle fut titrée baronnie : je n'en vois pas de preuves et je lui trouve seulement haute justice « avec les trois grans cas », 1470. La puissante famille de Doucelles la possédait au XIe s., mais il y avait aussi une famille du Ham, vassale des Doucelles, dont on connaît : Guillaume, 1033-1055 ; Hugues, 1098 ; Pierre, 1199-1208 ; Thomas, 1231. Ce dernier donna quelques dîmes à Fontaine-Daniel. La terre appartint au XIVe s. aux Le Voyer d'Aron, peut-être aux Margerie qui en descendaient, puis aux seigneurs de la terre de Marcillé, située près du bourg. Macé de Marcillé, époux de Marie des Vaux, 1388, 1404. — Jean Bouchet, par engagement momentané, 1441. — Le seigneur de Marcillé, 1452. — Jean de Marcillé, mari de Guillemette de Froullay, 1485, — Jean de Marcillé, mari de Marguerite de Bernay, 1499. — Claude de Fromentières, mari de Rolande de Marcillé, 1522, 1539. — Jean de Moré, seigneur du Val, 1571. — Louis de Moré, 1601. — Les héritiers de Louis de Moré, 1656. — Hubert de Champagne, sur lequel il y eut saisie, puis rachat par René de Champagne, 1682. — Le marquis de Villaines, 1696, 1700. — Le duc de Praslin, 1770. Davelu donne comme seigneur en 1780 « M. de Carigny, qui réside au château du Val au Ribay ». Ce ne pouvait être qu'un gentilhomme auquel des raisons de voisinage faisaient accorder des honneurs à l'église.

Notes historiques. – Localités de noms anciens : Chérancé, Marcillé, Bazeilles, Goulifer, Choubert, Vieuxcour, le Bray, l'Élée, l'Abbée, le Pas, Beauvais. — Louis le Pieux confirme à l'église du Mans la villa du Ham, 832. — L'église était en mains laïques au XIe s. Guillaume de Doucelles, fils d'Hervé, l'eut pour dot de sa femme dont le nom n'est pas connu, et à l'occasion de la mort de celle-ci, avant le 24 mai 1095, il la donna aux moines de Saint-Vincent qui déjà y possédaient quelques droits, à charge par eux d'acquitter mille messes pour la défunte dans les quarante jours de son obit. Il s'en était réservé une moitié, sa vie durant ; mais il ne tarda pas à en faire l'abandon, et, comme Guillaume du Ham, son vassal, prétendait qu'il la lui avait promise, il s'emporta contre lui et le força à se désister. Le jour de la mort de Guillaume de Doucelles, Guillaume, son fils, sur la tombe même de son père, ratifia tout ce qu'il avait fait en faveur de Saint-Vincent. Geoffroy de Mayenne avait confirmé le premier acte de donation, vers 1095.

Le cahier de 1789 a pour épigraphe Multa paucis, ce qui n'empêche pas son rédacteur, le syndic Michel Brisard, de délayer dans douze pages ses plaintes contre la construction des grandes routes par atelier, système auquel il préfère la corvée ; contre les justices seigneuriales, qu'il voudrait remplacer par un tribunal municipal et gratuit ; contre les biens du clergé, etc. — Le 15 août 1795, sur les quatre heures du soir, dans un combat contre les Chouans, le commandant de la force armée entre Alençon et Mayenne, Jaudain, fut tué ainsi qu'un gendarme.

Maires : Charles Gibon, 1798. — Lebreton, 1800, 1824. — Colvis, 1827, 1830. — Lebreton, 1835, 1836. — Lebourdais, 1840. — Jean-Baptiste Lebreton, 1850. — Piednoir, 1855, 1870. — Neveu, 1870.

Reg. par. à la mairie de Saint-Berthevin-la-Tannière, de 1660 à 1729, au Ham depuis 1730. — Cart. de Saint-Vincent, ch. 536, 576, 626, 823-827. — Cart. de Fontaine-Daniel, p. 144. — Obit. de Beaulieu. — Arch. de la M., B. 1.951, 1.968, 1.986, 2.143, 2.145, 2.163 ; L. 124. — A. Ledru, Les Bouchet de Sourches, p. 16 ; La maison de Broc, p. 160. — Bull. hist. de la M., t. X, p. 164 et suiv. — Arch. de la S., B. 762 ; E. 300. — Arch. nat., G/7. 525, 527 ; G/8. 1.279 ; P. 343/2 ; R/5. 116.
Pour les localités, voir les art. : Bazeilles, Goulifer, Marcillé, etc.