Ribay (le) - Tome III

Ribay (le), con du Horps (4 kil.) ; arrond. de Mayenne (19 kil. N.-E.) ; à 49 kil. de Laval.

Le Rubay, 1312 (Bibl. nat., fr. 8.736). — Le Rubay, XIVe s. (Pouillé). — Le seigneur du Rubay, 1458 (Arch. nat., R/5. 397, f. 39). — Le Ribay,… le Rubay, 1473 (Ibid., 382). — Ecclesia parrochialis de Rubayo, 1467 (Lib. fundat., t. II). — Ecclesia du Rubay, XVe s. (Pouillé). — Le Rybay, 1572 (Tit. de la fab. de Villaines). — Le Rubay, 1580 (Reg. par.). — Saint-Ouen du Ribay, 1615 (Ins. eccl.). — Le Rubay (Carte cénom.). — Le Rubay, 1730 (Ins. eccl.). — Le Ribay (Jaillot, Cassini, Cahier de 1789). — La Ribay (Le Paige).

Géologie. — « Schistes précambriens bordés au Sud, le long de la limite de la commune, par des poudingues pourprés et du grès armoricain occupant toutes les hauteurs avec landes qui dominent la région schisteuse. — A signaler quelques filons de microgranulite près de la Soutivière, du Tertre et non loin du château du Val. » D.-P. Œ.

Territoire, arrosé au N. par le ruisseau de Boul, du S.-O. au N.-E. par celui de l'Ermitage, qui se réunit au précédent, affluent de l'Aisne. La partie centrale forme au niveau moyen de 190 à 210 m. une dépression, avec inclinaison vers l'E. et dont les contours se relèvent jusqu'à 285 m. au S., 238 m. à l'O. sur les pentes des collines bien plus élevées encore d'Hardanges et du Horps. — Le bourg, « assez beau, rempli d'auberges, sur le chemin de Paris à Rennes », écrit Davelu, est en effet allongé sur cette vieille artère qui a, indépendamment de son importance moderne, le caractère des voies antérieures aux délimitations paroissiales. En 1789, les habitants se plaignent qu'elle démembre leurs meilleures pièces de terre sur une lieue et demie de longueur. Par elle et par d'autres chemins modernes le bourg est relié avec le Ham (3 kil. E.) ; Hardanges (6 kil. S.) ; Champéon (10 kil. S.-O.) ; le Horps (4 kil. N.-O.) ; Charchigné (4 kil. N.) ; Javron (7 kil. N.-E.).

Superficie, cadastrée en 1839 par M. Bellanger, 1.738 hect. — « Les deux tiers du sol, écrit Miroménil (1696), sont en terres à seigle, avoine, sarrasin, et l'autre tiers en landes et bruyères ; 30 métairies, 40 bordages. » — « Il existe dans la paroisse, fort petite, disent les paroissiens en leurs plaintes de 1789, six cents arpents de terre inculte qui consistent en bruière, qui coûtent un travail immense aux malheureux habitants, pour défraichir (défricher), dont ils paient la 13e partie au seigneur du fief ».

Population. — Moyenne des naissances : 22, de 1620 à 1630 ; — 23, de 1700 à 1710. — 146 feux en 1696 ; — 640 hab. en 1726 ; — de 600 à 700 communiants en 1778 ; — 1.007 hab. en 1803 ; — 1.085 hab. en 1821 et 1831 ; — 1.070 hab. en 1841 ; — 1.154 hab. en 1851 ; — 1.057 hab. en 1861 ; — 1.080 hab. en 1871 ; — 1.017 hab. en 1881 ; — 914 hab. en 1891 ; — 888 hab. en 1900, dont 293 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 49 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 56 fermes en 1843. En dépendent : le Plessis, 30 hab. ; la Touche, 44 hab. ; le Bois-Bouvier, 32 hab. ; le Bas-Bois, 31 hab. ; la Laire, 59 hab. ; la Baumerie, 29 hab. ; le Grand-Aunay, 37 hab.

Bureau de poste aux chevaux et aux lettres, dirigé par la famille Champmézière au moins de 1735 à 1775, époque à laquelle Jean Ch. céda sa charge et son matériel pour 9.000 . Les habitants se plaignent en 1789 « de la poste aux chevaux, qui occupe une grande partie des meilleures pièces de terre sans payer aucun tribut. »

Bureau de poste et service télégraphique ; — perception du Horps ; — brigade de gendarmerie à cheval, existant dès l'an V.

Assemblée, le 2e dimanche de juillet.

Foires le 21 juillet et le 22 novembre, établies en 1869, la dernière fixée, en 1878, au jeudi, veille de la foire de la Passion à Mayenne. — Marché de denrées, demandé par les habitants en 1789, le vendredi.

Paroisse, anciennement de l'archidiaconé de Passais et du doyenné de Javron ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne et de Lassay, du grenier à sel de Lassay ; — du district de Villaines et du canton du Horps en 1790 ; — de la Mission de Javron en 1797 ; érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de N.-D. de Mayenne et du doyenné du Horps.

L'ancienne église, dédiée à saint Ouen, « assez belle et dont le clocher est une petite tour, » écrit Davelu — c'était un pinacle où deux cloches se balançaient à jour, — avait un chœur rectangulaire plus étroit que la nef, sur laquelle s'ouvraient deux chapelles plus modernes formant transept. Plusieurs petites baies romanes et quelques traces d'appareil en épi indiquent la date de la construction primitive. Il restait sous le badigeon des vestiges de peintures. On signale la chapelle de Sainte-Marguerite, 1774 ; de la Vierge et de Saint-Laurent, celle-ci dotée d'une fondation importante, ce qui a fait dire quelquefois que saint Laurent était patron de l'église. Cette chapelle de Saint-Laurent ou de Longuavette, fondée par le curé Jean de Bazogers, décrétée le 15 mars 1467 et chargée de deux messes par semaine sur les dîmes de Longuavette et du Layeul, eut entre autres titulaires : Henri Dubois, neveu du fondateur, 1467 ; N. de Logé, † 1495 ; Raoul de Bazogers, 1518, 1542 ; René de Bazogers, 1572 ; Adam Deschamps, étudiant au collège de la Flèche, 1651 ; François Deschamps, chanoine de Carrouges, 1701 ; Charles Duclos, chanoine du Mans, 1719 ; Joseph Deschamps, chanoine de Saint-Jacques à Paris, 1753 ; Louis-Joseph de Scépeaux, du Houssay, 1770 ; François-Charles-Gabriel Desson de Saint-Aignan, chevalier de Malte, 1779 ; Jean-François Zérelli, 1786. — Noël Mesnage, sieur du Fougerais, et Marthe Juquet, sa femme, fondèrent en 1658 deux messes, l'une le dimanche, l'autre le jeudi, et présentèrent pour les acquitter Guillaume Mesnage. — La chapelle de Saint-Jean, pour laquelle un oratoire existait sur la route, se desservait néanmoins dans l'église. François Laumaillé, curé de la Sauvagère, mort en 1775, en était pourvu.

Le Christ était suspendu au sommet de l'arc séparant le chœur de la nef.

La confrérie du Saint-Sacrement est mentionnée en 1598 ; — celle de Sainte-Barbe, à laquelle participaient les paroisses voisines, érigée de temps immémorial, dit-on en 1648, avait dû être fort importante, mais était alors réduite à rien.

Une nouvelle église a été construite en 1881-1882, sur devis de 60.000 fr., en style de transition. Un petit déambulatoire pratiqué dans les contreforts intérieurs de la nef est une innovation de l'architecte (M. Hawke), déjà pratiquée par lui à la Chapelle-Anthenaise.

Cure, à la disposition pleno jure de l'évêque. Le domaine, faisant partie du temporel, fut vendu natt, le 13 mai 1791, pour 32.100 .

Curés : Jean de Bazogers fonde la chapelle de Longuavette avant 1463. — Marin Boudet, curé d'Ambrières et de Saint-Georges-Buttavent, 1560, se démet, 1565. — Noël Mesnage, 13 juin 1565, résigne, 1566. — François Mesnage, 2 août 1566, signe le certificat de catholicité, 1577. N'est-ce point lui, plutôt qu'Ambroise Hervé (V. ce nom), qui fut tué au siège de Mayenne, le 10 avril 1590. — Robert Brindeau démissionne, 1615. — René Dubois, de Saint-Fraimbault-de-Prières, curé de Lombron (Sarthe), 5 juillet 1615, † 1622. — François Lemeusnier, 10 février 1622, permute sans effet avec René Hoyaux, curé de Saint-Christophe-du-Jambet, 1627, résigne, 1628. — Mathurin Sougé, octobre 1628, démissionne, 1655, inhumé dans l'église devant le Crucifix, 1658. — Julien Sougé, neveu du précédent, 1er janvier 1655, se démet, 1701. — René Chevalier, curé de la Gravelle, novembre 1701, † 1710. — Pierre Gastin, 4 juillet 1710, démissionnaire, 1719, inhumé le 21 janvier 1720. — Jean Gastin, desservant la cure pendant la maladie du précédent, 14 juillet 1719, inhumé le 3 février 1721, âgé de soixante ans. — Pierre-Édouard Bottu (V. ce nom), curé de Hercé, 10 février 1721, résigne, 1726. — Pierre-Claude Le Maire de Courtemanche, vicaire de Saint-Pavin-des-Champs, 21 mai 1726, démissionne, 1730. — Julien Triquet, 19 mai 1730, permute le 23 décembre suivant. — Pierre-Édouard Bottu, chanoine du Mans, curé pour la seconde fois, 1730, 1732. — Jacques-Alexis Roustille de Fontenelle, du diocèse d'Angers, 11 octobre 1732, prieur de Saint-Denis-du-Theil et chanoine de Nantes, 1734, résigne, 1735. — François Coupé du Plessis, de Laval, 2 juin 1735, « infirme, peu zélé, tenant mal son église » (note de l'évêché en 1778), démissionnaire, 1782, inhumé à la Trinité, 1790, à l'âge de quatre-vingt-un ans. — Guillaume Dutertre, de Villaines-la-Juhel, vicaire du Ribay, 9 février 1782, « prêtre ayant de l'esprit, des talents, du zèle » (note de l'évêché), † 1788, âgé de cinquante-trois ans. — Étienne-Urbain Binet, de Magny-le-Désert, curé de Chantrigné (V. ce mot), installé le 8 août 1788, prête le 6 février 1791 un serment restrictif mais fermement catholique et se retire à l'arrivée de l'intrus dans la maison du Val, où il habite le 22 février 1792, autorisé avec son vicaire par la municipalité à dire la 1re messe les dimanches et jours de fêtes, parce qu'ils « sont des citoyens paisibles et amis de l'ordre et que leur conduite est louable ». Incarcéré peu après aux Cordeliers de Laval, il fut déporté, le 9 septembre suivant, en Angleterre et fut maintenu en 1803 dans sa cure, que l'état de sa santé l'obligea à quitter cette même année, pour se retirer dans sa famille à la Ferté-Macé. Le vicaire, Charles-François Drouin-Brindossière, nommé greffier de la municipalité, 1790, imita la conduite de son curé et partagea ses persécutions.

Les prêtres catholiques qui desservirent la paroisse durant la Révolution furent : MM. Barré, Renard, et surtout Jean-Baptiste Lebert, vicaire d'Antoigny.

Le citoyen Mahé, intrus, nommé le 13 août 1791, apostasia le 28 pluviôse an II (16 février 1794).

Depuis le Concordat : Georges-Gabriel Davoust (V. ce nom), 1803-1825 et non 1823. — Tréton, 1825-1846. — Julien-Désiré Lenormand, 1846-1878, † 1879. — Lucien Desmottes, 1879-1884. — Alphonse Trochon, 1884.

Presbytère « assez beau, avec jardin donnant le long du chemin ». dit Davelu, occupé par les volontaires républicains en l'an III et par la gendarmerie en 1802.

Cimetière, contigu à l'église, transféré sur la route de Paris et bénit le 27 avril 1849.

Écoles. — Le 4 janvier 1656, Mre Jean Trotin, ancien régent et suppôt en l'université de Paris, demeurant au collège d'Harcourt, lègue ce qu'il possède au Ribay : logis, jardin, pré, champ, pour un prêtre nommé par le curé, le procureur de fabrique et ses parents, chargé « d'enseigner aux enfants à lire et à écrire, à calculer aux jettons et à la plume, le plain-chant et principalement la doctrine chrétienne ; » chargé en outre, avec la permission du curé, « de catéchiser le peuple aux dimanches et festes, de sonner le salut de l'Ange à midy et au soir. » Le 20 septembre 1699. Guy Garnier, curé du Plessis-Bouillancy, donne« à celui qui tiendra l'école publique » dans la paroisse du Ribay la somme de 15  de rente. — Les sœurs de la Chapelle-au-Riboul étaient établies dans la paroisse avant 1778. — Les habitants demandent en 1789 que les deux établissements soient dotés sur les bénéfices de la paroisse. Aujourd'hui, école laïque pour les garçons ; école libre, fondée en 1879, dans une maison donnée par M. Lenormand, et tenue par deux sœurs d'Évron pour les filles. La dernière institutrice, Mlle Joséphine Bricard, 1837-1887, fut honorée d'un prix Monthyon, 1872, et nommée officier d'académie.

Jean Gillot, prêtre, lègue en 1593 une somme de 40 écus qui sera avancée au collecteur de la grande taille pour son premier versement annuel, à charge de la remettre à son successeur.

Bureau de charité fondé en 1847, d'un revenu de 80 à 100 fr. Il est donné tous les ans aux pauvres, par l'entremise du curé, pour 800 fr. de pain.

Féodalité. — La seigneurie de paroisse fut annexée anciennement à la Cour du Ribay (V. ce mot), possédée d'abord par une famille du Ribay. En 1591, les curés de la Chapelle-au-Riboul et de Champéon rendent aveu pour partie du temporel de leurs cures à Jean de Bazogers, « seigneur du fief et seigneurie du Ribay. » Malgré cela, il est certain qu'avant la fin du XVIIe s., la seigneurie de paroisse était unie à la terre du Val et qu'elle le resta jusqu'à la Révolution.

Notes historiques. — Localités de noms relativement anciens : Coulion, Herbouet, Chauvalon, Maupas, Courlandais, le Val, le Plessis, la Touche, la Laire, les Fougerais, l'Ermitage. — Le 2 juillet 1578, la compagnie du capitaine Cousinière était au Ribay. — Décembre 1639-février 1640, épidémie dysentérique.

Le cahier de 1789, signé de treize noms, parmi lesquels celui de Jean Terrier, syndic, demande l'établissement d'un impôt unique, de présidiaux et de collèges dans les chefs-lieux d'élection. La paroisse fournit à la Chouannerie de nombreuses recrues à la suite de Guillaume Lemétayer. — L'intrus se plaint, en mai 1792, que la municipalité ne publie aucune des lois nouvelles, dans le but de renverser « l'œuvre divine de la Constitution. » — Quatre des malheureux Vendéens qu'on transférait malades de Mayenne à Alençon, le 28 novembre 1793, meurent au Ribay. Malgré les forces qu'on envoie dans le bourg pour la sécurité de la grande route, les Chouans l'envahissent dans la nuit du 4 février 1795, abattent l'arbre de la liberté, brûlent les registres de la mairie, désarment la gendarmerie, s'emparent de la caisse du percepteur ; le 23, les gendarmes et sept cavaliers du poste refusent de faire le service ; le 26, à quatre heures du soir, l'escorte du représentant du peuple est accueillie par une vive fusillade ; le 28 avril, la malle chargée de trois millions en assignats est dévalisée ; la contrebande de la poudre se fait sur une vaste échelle ; le 1er juin, Aubert-Dubayet fait renforcer le poste du double et recommande à Duhesme « de purger le Ribay de la bande de Rochambeau et de Lafayette ». Le bourg, mais non le pays, fut depuis lors à l'abri de nouvelles attaques. Le chef de bataillon Jaudin y commandait.

Maires : Guillaume Payon, 1791. — Julien Thuault, révoqué en 1793. — Lepvrot du Bourg, ventôse an II, an III. — Jean Terrier, an III. — Pierre Pottier, 1798. — Lepvrot du Bourg, directeur de la poste aux lettres, démissionnaire, 1800. — Julien Mouetault. ex-président de l'administration municipale, 29 décembre 1800, démissionne, 1805. — Jean-Marc Ferère, 31 janvier 1805, 1815. — Pierre Pottier, 1815, † 1835. — Julien Godde, 1835, 1844. — Jean-Marc Ferère, 1844. — Louis Leblanc, 1850-1863. — Jacques Marchand, 1863-1867. — Prudent Miette, 1868-1876. — Louis Martel, 1876. — Augustin Davoust, 1876-1880. — Leblanc, 1880-1886. — Crosnier, 1886.

Reg. par., 1580 (lambeaux) et depuis 1613. — Reg. de la mun. — Tit. de la fab. — Tit. Piette, de Lassay. — Arch. nat., G/7. 525. — Arch. de la M., B. 1.803, 1.986, 1.990, 2.136, 2.260 ; G. 98. — Arch. d'Indre-et-L., C. 346. — Leblanc, Siège de Mayenne en 1590, p. 11, et art. du Bull. hist. de la M., t. X, p. 153, La Laire, et notes mss.
Pour les localités, v. les art. : l'Ermitage, la Laire, le Val.