Scépeaux (François de) - Tome III

Scépeaux (François de), petit-fils de son homonyme, le chambellan de Charles VIII, fils de René de S. et de Marguerite de la Jaille, fut, par suite de l'amitié qui s'établit entre lui et Jean du Matz, abbé de Saint-Thierry-lès-Reims, son frère utérin, seigneur de la Vezouzière et de Bouère. Il est connu dans l'histoire sous le nom du maréchal de la Vieilleville et dans le roman par une foule d'exploits incroyables. L'abbé Garnier (V. ce nom) avait déjà reconnu le côté fabuleux des Mémoires d'un écrivain faussaire qui se donnait pour Charloix, secrétaire du maréchal, mais il restait à disséquer le roman pour lui enlever tout crédit et à écrire une vie vraie du maréchal. Cette œuvre a été faite par M. l'abbé Lemarchand, et malgré les soupçons antérieurs, il y avait du mérite à le faire avec une telle précision, alors que l'ouvrage jouissait encore hier d'un crédit presque absolu auprès des auteurs angevins.

François de Scépeaux n'est plus ce personnage invraisemblable qui sort de pages pour accomplir du premier coup, sur terre et sur mer, des exploits fabuleux ; il n'est plus le conseiller outrecuidant qui reprend les plus illustres capitaines, réforme les décisions souveraines, prévoit tous les désastres, prépare tous les succès. Mais il reste le brave qu'a loué et connu Brantôme, le politique aussi avisé dans les affaires de l'État que pour ses intérêts personnels.

Né vers 1511, page, puis pannetier de Louise de Savoie, il épouse en 1532 Renée Le Roux de la Roche des Aubiers, passe au service du roi, puis en 1536 s'attache à la maison du duc d'Orléans, qui sera Henri II. On l'envoie en Italie surveiller l'état des affaires du maréchal de Montjean, 1538 ; en Angleterre pour prévenir une rupture qui éclata à son retour (23 mai-1er juin 1545). Du 31 mai au 2 juin 1551, il reçut Henri II à son château de Durtal ; il mérita par sa conduite dans la campagne de 1553 le gouvernement de Metz, y introduisit Ambroise Paré, retourna en Angleterre avec le connétable de Montmorency pour conclure la paix (mai 1559), fut chargé de ramener les huguenots à l'obéissance, alla en Allemagne à l'avènement de Charles IX, y traita la question du concile projeté et celle du futur mariage du roi ; fit une nouvelle et infructueuse démarche auprès d'Élisabeth pour empêcher son intervention en faveur des protestants, et le 27 décembre 1562 remplaça le maréchal de Saint-André, assassiné. Désormais sa vie se dépensa en courses tantôt diplomatiques, tantôt guerrières contre les rebelles, en Normandie, à Lyon et en Provence, en Suisse où il alla renouveler une alliance compromise par les embarras financiers, dans la Touraine, le Maine, l'Anjou et le Poitou. Trois fois encore, le 9 novembre 1565, en avril 1570, en novembre 1571, il reçut le roi en son château de Durtal. C'est pendant cette troisième visite royale qu'il mourut subitement, le 30 novembre.