Saint-Léonard - Tome III

Saint-Léonard, f., cne de Mayenne, sur la rive droite de la Mayenne, à 1.500 m. en amont de la ville. — Capella Sancti Leonardi, XVIe s. (Pouillé). — Saint Léonard, chap. (Jaillot). — Saint Léonard, chapelle, manoir (Cassini). — Des travaux de dragage pratiqués dans le lit de la Mayenne, en face de Saint-Léonard, ont amené, en 1864, la découverte d'un pont submergé en bois, d'origine romaine, et dont de nombreuses pièces de 0 m. 30 d'épaisseur, assemblées à demi-bois, étaient encore en place. Des monnaies innombrables ont pu être relevées sur un espace de quelques mètres carrés vers la rive gauche, à toutes les profondeurs de la couche d'alluvion. Elles appartiennent à un grand nombre de règnes, depuis Auguste jusqu'à Tétricus II, mais sont surtout nombreuses sous Tibère et Claude ; beaucoup avaient des signes particuliers, même des croix. Elles avaient été jetées dans la rivière évidemment comme offrandes à la divinité des eaux, aussi bien que les statuettes, les haches, les fibules, etc., trouvées également en nombre appréciable. Une première série de dix mille monnaies a été étudiée et décrite, mais il en reste en plus grand nombre, conservées comme les premières au musée de Mayenne, et qui attendent toujours qu'on veuille bien les classer. Le pont a donné son nom gaulois au village de Brives qui est à 400 m. en amont.

A 80 m. en aval, pour remplacer vraisemblablement la construction en bois, on fit une chaussée également submergée en terrassement, qu'on a reconnue à la même époque et qui semble datée par la découverte d'une borne attribuée à l'empereur Victorin grâce au fragment d'inscription qu'elle conserve. Elle est située à 4 lieues gauloises de Jublains, sur la voie d'Avranches, comme l'indique exactement la dernière ligne de l'inscription.

Entre le pont et la chaussée, sur la rive gauche, fut établi plus tard, en face du lieu dit les Châteliers, le barrage d'un moulin que Cassini figure encore, mais qui a disparu depuis. Sur la rive droite, à une époque inconnue, se fonda le lieu noble et la chapelle de Saint-Léonard. En 1406, Mlle de Poligné, Jeanne Ouvrouin, vient de la Gravelle à Laval pour aller faire et recevoir ses hommages féodaux à Saint-Léonard et à Grazay. Cassini indique encore le manoir. La maison actuelle du fermier est en effet un logis du XVIIIe s.

La chapelle, livrée depuis longtemps à des usages profanes, laisse voir une fenêtre en arc brisé à son pignon oriental, mais porte et fenêtres latérales sont en plein cintre. Quelques peintures grossières représentent sur les murs des rameaux et des oiseaux. Le bénéfice est noté dans un pouillé des premières années du XVIe s. et dans celui de Tours (1648) à la présentation de l'évêque. Je relève en 1648 le baptême d'un enfant qui avait été exposé dans la chapelle et, en 1679, un mariage qu'on y bénit. La procession de N.-D. s'y rendait le mardi de la Pentecôte.

Bull. arch. de Mayenne. — Indicateur de Mayenne, septembre 1864. — Grosse-Duperon, La chap. de la Vallée, p. 6. — Guyard de la Fosse, Hist. de Mayenne, p. 22. — Reg. par. de N.-D. de Mayenne. — Echo, 28 septembre 1864.