L’ouvrage
Le Dictionnaire historique de la Mayenne est composé de quatre tomes publiés entre 1900 et 1903 pour les trois premiers, et en 1910 pour le quatrième (Supplément).
Comme dans n’importe quel dictionnaire les entrées se présentent par ordre alphabétique ; elles concernent des noms de lieux (communes, lieux-dits, cours d’eau, fermes, châteaux, etc.) et des noms de personnes (individus ou familles).
Les notices consacrées aux communes et anciennes paroisses sont les plus riches et suivent un plan précis qui ne varie qu’assez peu d’une commune à l’autre. Dans la version électronique du dictionnaire, ce plan - souvent implicite dans la version imprimée - a été restitué pour faciliter la compréhension du texte.
Après le nom de la commune, se trouvent (en général dans cet ordre) :
- les anciennes formes du nom de la commune ;
- la géologie (qui forme une rubrique à part) ;
- la géographie physique ;
- la population et les administrations ;
- l’économie (foires et marchés, industries) ;
- l’assemblée (c’est-à-dire la fête du village) ;
- les institutions religieuses ;
- les établissements de charité ;
- les écoles ;
- la féodalité ;
- les notes historiques ;
- la liste des maires ;
- les sources et la bibliographie ;
L’auteur
Alphonse Angot, né à Montsûrs en 1844 dans une famille de commerçants, montre rapidement de brillantes dispositions intellectuelles. Élève à l’école de Montsûrs, il est envoyé dès 11 ans au petit séminaire de Précigné, dans la Sarthe, où il reste deux ans. Il entre ensuite au petit séminaire de Mayenne, puis au grand séminaire de Laval. Il est ordonné prêtre en 1868 à l’âge de 24 ans. C’est lorsqu’il est nommé vicaire de la paroisse Saint-Vénérand de Laval qu’il débute les recherches historiques. Poussé par la curiosité et le désir de mener plus loin ses études sur l’histoire locale, il franchit, vers 1876, la porte des Archives départementales. Dès lors, il entame un travail qu’il ne cessera plus jusqu’à sa mort en 1917.
Découvreur de textes anciens, infatigable chercheur, travailleur méthodique, amoureux de la Mayenne - qu’il parcourt à pied - il a inlassablement rassemblé, dépouillé, ordonné, analysé et interrogé les sources écrites et les traces du passé.
Pas moins de 160 publications – sur des sujets très variés – portent sa signature. Il est en particulier l’auteur d’une remarquable trilogie que peu de départements peuvent s’enorgueillir de posséder : le Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne (en 4 volumes), l’Armorial monumental de la Mayenne et l’Épigraphie de la Mayenne.
Les recherches : quelques remarques
Le Dictionnaire historique de la Mayenne en version électronique permet la recherche dans l’ensemble du texte (c’est-à-dire dans la totalité des 3 700 pages de la version papier) ou dans les entrées uniquement (c’est-à-dire dans les « titres » des articles du Dictionnaire, soit plus de 26 300 entrées).
Le texte original a été respecté ; il est accessible dans son intégralité et n’a pas été modifié. Seules les fautes imputables à l’opération de reconnaissance optique des caractères (OCR) effectuée en 2001 ont été corrigées pour rétablir la conformité du texte original.
L’orthographe des noms propres (noms de lieux et noms de personnes) n’a pas été modernisée (Mirouaut pour Mirwault par exemple). L’usage actuel peut donc différer sensiblement de celui adopté par l’abbé Angot. De même, l’utilisation d’espaces, de tirets, d’apostrophes, peut déconcerter le lecteur (Bourg-Nouvel utilisé pour Bourgnouvel).
Par ailleurs, certains lieux ont vu leur nom évoluer depuis la parution de l’ouvrage :
- des communes ont changé de nom (La Poôté devenu Saint-Pierre-des-Nids)
- d’autres ont fusionné (Orgères et Lignières-la-Doucelle présentes dans le Dictionnaire ont depuis fusionné pour former Lignères-Orgères qu’on cherchera en vain dans l’ouvrage).
Les sources utilisées par l’abbé Angot
L’abbé Alphonse Angot cite - le plus souvent en fin de notice - les références des sources utilisées pour ses recherches.
D’une manière générale, les ensembles suivants ont été consultés et dépouillés par l’auteur :
- les archives publiques du département (Archives départementales de la Mayenne et archives des communes) ;
- les archives des paroisses ;
- la Bibliothèque nationale et les Archives nationales ;
- les Archives départementales de la Sarthe, de Maine-et-Loire, d’Indre-et-Loire et de la Vienne ;
- les bibliothèques de Laval, du Mans, d’Angers, de Tours et de Poitiers ;
- les chartriers et archives de famille conservées dans les demeures privées (lorsqu’il a pu y avoir accès) ;
- les notes d’érudits contemporains (La Beauluère, Pointeau, etc.).
Beaucoup de références sont citées sous une forme très abrégée et leur compréhension s’avère parfois difficile. En voici une liste non exhaustive :
Le manuscrit de Davelu
Souvent cité par l’abbé Angot, le manuscrit intitulé « Répertoire topographique et historique du Maine » est l’œuvre de Pierre-François Davelu, prêtre et supérieur du séminaire de la Mission du Mans, de 1766 à 1774.
Il est conservé aujourd’hui à la médiathèque Louis Aragon du Mans (Sarthe). Une version numérique de ce document est consultable dans la salle de lecture des Archives de la Mayenne (CN 108/1).
Le rapport de Miromesnil
L’abbé Angot l’orthographie Miroménil.
Cette enquête statistique sur la généralité de Tours, effectuée à la demande de l’intendant Thomas Hue de Miromesnil (1689-1704), est citée par l’abbé Angot dans presque toutes les notices communales et paroissiales. Ce rapport indique pour chaque paroisse : le nom du ou des seigneurs, le nombre de feux (foyers), la qualité du fond (c’est-à-dire du sol), le nombre de métairies.
Alphonse Angot date, à tort, ce manuscrit de 1696. Il a en fait été réalisé en 1691 mais il porte en marge des indications, parfois datées de 1696, qui ont servi à la rédaction du Mémoire, dit de Miromesnil, de 1698.
Le manuscrit est conservé aux Archives départementales de la Mayenne (cote Ms 7)[1].
Le Cabinet La Beauluère
L’abbé Angot a notamment consultés les documents produits et rassemblés par Louis-Julien Morin de La Beauluère (1798-1861), érudit et historien lavallois. Une partie de sa collection a été donnée aux Archives départementales de la Mayenne en 1911 (fonds 14 J), une autre en 1981 (304 J) et une dernière y est entrée en 1995 (395 J).
Le Cabinet Louis Garnier
Il s’agit des archives de Louis Garnier (1843-1927), architecte départemental et inspecteur des travaux des édifices diocésains. Érudit et collectionneur, il fut vice-président de la Commission historique et archéologique de la Mayenne à partir de 1921 (société qu’il avait contribué à créer en 1878). Il était également administrateur de la Bibliothèque municipale de Laval.
Ses archives sont conservées aux Archives départementales de la Mayenne (183 J).
Le fonds Almire Bernard
Il s’agit des archives d’Almire Bernard (1810-1888), notaire à Ambrières de 1842 à 1855, maire de Saint-Pierre-sur-Orthe de 1884 à 1887. Érudit, historien, auteur de plusieurs études sur l’histoire du Bas-Maine. L’abbé Angot, lui a consacré une notice biographique : Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, tome I, art. Bernard.
Les manuscrits d’Almire Bernard sont conservés à la Bibliothèque municipale de Laval.
Le fonds Couanier de Launay
Les archives d’Étienne Louis Couanier de Launay, prêtre et historien mayennais (1821-1894), sont conservées à la Bibliothèque municipale de Laval.
Le fonds Duchemin de Villiers
L’abbé Angot a également utilisé les travaux de Jacques-Ambroise Duchemin de Villiers (1764-1840), magistrat et historien lavallois.
Le fonds Duchemin de Villiers, conservé aux Archives départementales de la Mayenne sous la cote 34 J, comprend principalement ses archives familiales et les documents liés à ses fonctions d’avocat et de procureur du roi.
Ses manuscrits et sa correspondance avec sa sœur, dont des extraits ont été publiés par l'abbé Angot, se trouvent à la Bibliothèque municipale de Laval dans le fonds Couanier de Launay.
Enfin les Archives départementales de la Mayenne conservent la copie microfilmée des archives Duchemin de Villiers conservées au château de Vaucenay à Argentré (1 Mi 146).
Le fonds Toussaint Grille ou « Portefeuilles de Toussaint Grille, ancien bibliothécaire d'Angers »
La mention Bib d’Angers Topog. Grille utilisée par Angot renvoie au fonds de Toussaint Grille (1766-1850), ancien bibliothécaire de la ville d’Angers dont les archives – manuscrits médiévaux et documents sur l’histoire de l’Anjou – sont conservées à la Bibliothèque municipale d’Angers.
Le manuscrit suivant, rédigé en latin, est probablement celui auquel l’auteur fait référence :
N° 1690-1691 : Topographie. Formules et lieux communs pour servir à une description de l'Anjou.
Les « notes mss. » ou « certificats » de Charles Pointeau.
Charles Pointeau, prêtre et historien, est né à Saint-Cyr-le-Gravelais le 25 novembre 1831 ; il meurt à Craon le 25 novembre 1899. Alphonse Angot affirme qu’il a été le premier dans le clergé mayennais à se servir de véritables sources et à investiguer les archives publiques et privées. Il le qualifie d’érudit tout en déplorant le caractère souvent « décousu » de ses travaux.
Les notes de recherches et travaux manuscrits de Charles Pointeau sont conservés à la Bibliothèque municipale de Laval.
Les cartes de Cassini et de Jaillot
Alphonse Angot fait fréquemment référence aux cartes dressées par les cartographes français César-François Cassini et son fils au XVIIIe siècle ainsi qu’à celles de l’ingénieur géographe Hubert Jaillot (1632-1712). Dans la collection des cartes de Jaillot, celles de l’évêché du Mans datent de 1706.
Les insinuations ecclésiastiques
Les registres d’enregistrement au greffe du diocèse des actes ecclésiastiques (lettres d’ordination, actes relatifs aux bénéfices ecclésiastiques, etc.) ont été largement utilisés par l’abbé Angot au cours de ses recherches. Il indique au début de l’ouvrage :
Je ne citerai point au rang des sources à consulter pour l'histoire de chaque paroisse les Insinuations ecclésiastiques (Arch. de la S., 78 vol. in‑fol. de 1552 à 1790), quoique cette collection soit le plus considérable des documents dans l'ordre ecclésiastique et même civil. Il eût fallu donner à la suite de chaque article une trop longue liste de chiffres. Mais on ne sera pas pour cela privé de l'avantage de pouvoir se reporter, si l'on veut, aux registres et aux actes originaux, car la table que j'en ai dressée sera, dès que je le pourrai, déposée aux Archives départementales de la Sarthe. (Extrait de la notice d’Ahuillé)
Pour le Bas-Maine, cet enregistrement ecclésiastique se fait au greffe du diocèse du Mans. Les registres d’insinuation sont aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Sarthe (en série G).
Les informations géologiques
Alphonse Angot précise dans la première notice communale du Dictionnaire l’origine des informations de nature géologique :
Les descriptions géologiques qu'on trouvera en tête de chaque notice communale sont un travail entièrement neuf, rédigé spécialement pour le Dictionnaire de la Mayenne. Elles paraîtront sous la signature habituelle et connue de l'auteur. Qu'il soit ici remercié, au nom de tous nos lecteurs et au mien, de sa précieuse collaboration. (Extrait de la notice d’Ahuillé)
Ces descriptions sont toutes signées D.-P. Œ., pour Daniel et Pauline Œhlert.
Daniel Œhlert (1849-1920), fut bibliothécaire puis conservateur des musées d’archéologie et d’histoire naturelle de Laval (de 1894 à 1920). Paléontologue et géologue internationalement reconnu, il travaille avec sa femme Pauline Crié (1854-1911) qui participe à un grand nombre de ses travaux et publications.
Les informations sur les cours d’eau
Dans la première notice du premier tome consacrée à un cours d’eau (il s’agit de l’Aille-Verte), l’auteur indique que « les descriptions très précises des 1900 cours d'eau du département sont, pour les mesures et les notions techniques, empruntées à un travail exécuté par l'administration des Ponts et Chaussées, et dont je dois la communication à l’obligeance de M. l'Ingénieur ».
Des recherches récentes montrent qu’il pourrait s’agir des documents suivants, provenant des archives des Ponts et chaussées et aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Mayenne :
Statistique des cours d'eau, des usines et des irrigations : circulaires, correspondance, notes, rapports, cartes (1861-1890). [S 95058]
Index alphabétique des cours d'eau du département avec coordonnées géographiques de leurs confluents dressé par l'ingénieur en chef (1891). [S 95059]
La bibliographie
Alphonse Angot cite, dans la notice consacrée à la commune d’Ahuillé, quatre ouvrages qu’« il faudrait citer à tous les articles » :
Dom Léon Paul PIOLIN, Histoire de l’Église du Mans, Juline, Lanier et Cie, 1851-1858, 1861-1863, 6 vol.
Théodore CAUVIN, Géographie ancienne du diocèse du Mans, Paris, librairie Derache, 1845.
André LE PAIGE, Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine. Le Mans, Toutain, 1777.
Frédéric LE COQ, « Documents authentiques pour servir à l'histoire de la Constitution civile du clergé dans le département de la Mayenne », Laval, impr. Chailland, 1890, 2 vol.
On peut également mentionner :
Isidore BOULLIER, Mémoires ecclésiastiques concernant la ville de Laval et ses environs, diocèse du Mans, pendant la Révolution (1789-1902), Laval, imp. Godbert, 1846, 525 p. [conservé aux Archives départementales de la Mayenne sous la cote AC 109]
Ces ouvrages sont tous consultables aux Archives départementales de la Mayenne.
Le projet
Le Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, entré dans le domaine public 70 ans après la mort de l’auteur (en 1987), a été numérisé par les Archives départementales en 2001. L’intégralité du texte a alors fait l’objet d’une reconnaissance optique des caractères (OCR) qui a permis l’obtention d’un texte mis en page.
Cette première phase de travail, initiée et menée à bien par Joël Surcouf, directeur des Archives départementales de la Mayenne de 1974 à 2011, a permis de mettre à disposition des lecteurs le Dictionnaire historique de la Mayenne dans un format (PDF) donnant la possibilité de faire des recherches en plein texte.
Les limites de la recherche en plein texte ont toutefois rapidement fait apparaître la nécessité de structurer le texte pour en faire un véritable dictionnaire électronique balisé et interrogeable via un moteur de recherche.
La commémoration du centenaire de la mort de l’abbé Angot, en 2017, a été l’occasion de mettre en œuvre ce projet auquel les Archives départementales réfléchissaient depuis plusieurs années.
Il a été piloté par Isabelle Las sous la direction d’Anne-Marie Bruleaux, directrice des Archives départementales de la Mayenne.
Joël Surcouf a apporté bénévolement sa contribution au projet par ses avis, toujours pertinents, et en participant activement au balisage des notices communales. Sa connaissance des origines du projet et l’ensemble des notes qu’il avait rassemblées sur ce sujet se sont révélées très utiles.
L’encodage du texte au format XML-TEI et la création de l’application de mise en ligne ont été confiés à la société JOUVE.