Saint-Thomas-de-Courceriers - Tome III
Saint-Thomas-de-Courceriers, con de Bais (9 kil.), arrond. de Mayenne (30 kil. E.) ; à 52 kil. de Laval.
Parrochia de Corcesiers, 1219 (Arch. de la S., H. 73, n° 8). — La paroisse de Courcezies, 1312 (Bibl. nat., fr. 8.736). — Ecclesia de Courcesiers, XIVe s. (Pouillé). — Saint Thomas de Courceriers, 1434 (Arch. nat., KK. 324). — Ecclesia de Curia Cesaris, XVe s. (Pouillé). — Sanctus Thomas de Curiacesaris, 1504 (Lib. fund., t. II, f. 340). — Le bourg de Saint Thomas, 1548 (Cab. d'Achon). — Sanctus Thomas de Curiacesaris, 1564 (Ins. eccl.). — Saint Thomas de Coursilliers, 1575 (Ibid.). — Courcelliers, 1689 (Arch. nat., Q/3. 78). — Saint Thomas de Courceriers (Jaillot, Cassini).
Géologie. — « Granite. Pointements et filons de microgranulite parallèles, orientés O.-E., très nombreux au S. du bourg et principalement dans la pointe que fait la commune vers le S.-S.-O. » D.-P. Œ.
Le territoire occupe les deux versants de la vallée de la Vaudelle, qui le traverse de l'O. à l'E., et dont le cours est au niveau de 160 m., inférieur de 100 m. aux altitudes des limites N. et S. Une des voies les mieux caractérisées allant de Jublains vers l'E. (Chartres ?) suit la vallée. On mentionne le chemin par lequel « l'en vait de Courcesiers à Sillé, » 1405, et le grand chemin d'Évron, 1580, indiqué aussi par Jaillot, ainsi que la route de Villaines à Sillé. Aujourd'hui, le bourg, « passable », dit Davelu, est relié avec Saint-Germain-de-Coulamer (9 kil. E.) ; Saint-Pierre-sur-Orthe (11 kil. S.-E.) ; Saint-Martin-de-Connée (8.500 m. S.) ; Izé (6 kil. S.-O.) ; Trans (3 kil. O.) ; Courcité (4 kil. N.).
Superficie, cadastrée en 1831 par M. Lambert, 1.294 hect. — « Terre à seigle et autres menus grains ; 40 métairies, 20 bordages » (Miroménil, 1696). Les paroissiens demandent en 1789 à appliquer à des travaux de charité pour l'entretien de leurs chemins un tiers de ce qu'ils paient pour les grands chemins : ils ajoutent que, sur 600 habitants, 180 vont à la charité.
Population. — 197 feux en 1696 ; — 768 hab. en 1726 ; — de 700 à 750 communiants en 1778 ; — 971 hab. en 1803 ; — 934 hab. en 1821 ; — 944 hab. en 1831 ; — 1.004 hab. en 1841 ; — 992 hab. en 1851 ; — 998 hab. en 1861 ; — 914 hab. en 1871 ; — 936 hab. en 1881 ; — 825 hab. en 1891 ; — 738 hab. en 1902, dont 182 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 51 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 86 fermes en 1843. En dépendent : Courceriers, 22 hab. ; le Fief-Garnier, 65 hab. ; la Haute et Basse-Corbière, 19 hab. ; VauGautier, 18 hab. ; Beauvais, 66 hab. ; le Bois-Régnier, 22 hab.
Bureau de poste et perception de Bais.
Assemblée, le 1er dimanche de Carême.
Paroisse anciennement de l'archidiaconé de Passais et du doyenné de Javron ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne et du grenier à sel de Sillé-le-Guillaume ; — du district d'Évron et du canton d'Izé en 1790 ; — de la Mission de Sillé en 1797 : érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de Saint-Martin de Mayenne et du doyenné de Bais.
L'église, dédiée à saint Thomas, apôtre, conservait dans sa nef deux petites fenêtres romanes. Le chœur avait été reconstruit, et on avait édifié au XVIIe s. deux chapelles ouvrant sur le chœur par des arcades en plein cintre de 4 m. de largeur et communiquant avec la nef par deux passages obliques. M. Le Métivier, curé, par permission de l'évêque, du 16 septembre 1672, fit construire la chapelle de « l'aile du costé droit sous le nom et honneur de Madame Sainte-Anne, » qui fut bénite le 15 juillet 1676. L'autre, plus ancienne, était dédiée à sainte Barbe. La tour était accolée au pignon occidental.
Une nouvelle église, dont le plan a été donné par M. Baudriller, d'Évron, fut commencée en 1859 par la construction de la nef et de la tour. La seconde partie, édifiée sur un terrain en contrebas, a nécessité l'établissement d'une crypte et de soubassements considérables et amené un déficit de 31.000 fr. La foudre avait causé pour 3.200 fr. de dégâts le 28 mars 1864. Mais le monument, bien exécuté, ne demande qu'un ameublement et une décoration convenables pour constituer une belle église.
François Orry, prêtre, originaire de Saint-Thomas, administrateur de l'église Saint-Eustache de Paris, obtint en 1670 une parcelle des reliques de sainte Anne procurées par Anne d'Autriche à l'antique confrérie de Sainte-Anne (1419) de l'église parisienne. Il les donna, dans un petit reliquaire d'argent, à sa paroisse natale, où on les reçut solennellement. Ce fut l'occasion de l'érection d'une confrérie régionale et populaire. Clément XI accorda de nouvelles indulgences en janvier 1717. Les associés communiaient le jour de leur admission et quatre fois l'an, célébraient la Sainte-Anne et assistaient à la procession tous les seconds dimanches du mois. La relique, conservée pendant la Révolution dans une famille de Bais, a été de nouveau solennellement reçue à Saint-Thomas, où une procession très suivie a lieu le 26 juillet.
Fondations anciennes. — La chapelle de N.-D., probablement la même que le legs de Jean Fraudin, curé de Châlons, daté du 24 mai 1548. François du Plessis en était pourvu en 1625. — La chapelle de Sainte-Anne, fondée par François Orry, le donateur de la relique, par acte du 27 mai 1681 passé devant René Gougeon, notaire à Trans. — La prestimonie de Guillaume Talbot, oncle de François Orry, etc.
Cure à la disposition pleno jure de l'évêque. Une closerie de 26 journaux de terre et de 4 hommées de pré, qui y était attachée, fut vendue natt, le 6 mai 1791, pour 10.600 ₶.
Curés : Étienne Biberon rend aveu à Courceriers, 1470, et fonde les chapelles de Saint-Étienne en l'église de Champéon et de Sainte-Marguerite en celle de Sainte-Gemme-le-Robert, 1479. — Guillaume Bellenger, fondateur de la chapelle N.-D. à Saint-Thomas, 1504. — Guillaume Le Raillain ( ?) permute, 1553. — Pierre Trajin, curé de Saint-Martin au diocèse d'Orléans, 22 mars 1553. — Pierre Le Seneux, chanoine de Chartres, se démet, 1564. — Jacques Berthe, aussi chanoine de Chartres, 13 mai 1564. — Julien Oudineau permute, 1569. — Antoine Lemaistre, du diocèse d'Orléans, étudiant à l'Université de Paris, prieur de Luceau (Sarthe), septembre 1569, permute, 1570. — Gatien Ribot, curé de Parcé, diocèse de Nantes, 26 août 1570, † avril 1571. — Marin Chaillou, bachelier en décret, 2 juin 1571, résigne, 1572. — Pierre Hattes, août 1572, démissionne, 1573. — Cosme Fouyn, du diocèse d'Angers, 20 mai 1574, permute, 1575. — Jacques Guérineau, curé de Noyant, 28 avril 1575, maintenu en 1581 contre Jean Raguidel, principal du collège Saint-Benoît, au Mans, résigne, 1583. Jean Boullemer, vicaire, signe le certificat de catholicité, 1577. — Pierre de la Haye, 1583, démissionne, 1589. — Guillaume Blanche, 10 juillet 1589, † 159 1. — René Hodiau, du diocèse d'Angers, 2 mai 1591, en compétition avec Pierre Deshayes, du diocèse de Séez. — Mathieu Abbet, † 1596. — Mathurin Davoisne, 12 août 1596. — Étienne Pelard, bachelier en droit canon, pourvu de la cure vacante, 13 mars 1597, résigne sans effet en 1600 à Geoffroy Belard et effectivement en 1618. — Noël Hubert, novembre 1618, permute, 1622. — François Huron, curé d'Orgères, avril 1622. — Gilles Timon permute, 1655. — Jacques Le Métivier, curé de Trans, 26 août 1655, † 1697. — Louis Duquesnay-Bellanger, du diocèse de Séez, juin 1697, † 1720. — Jean Boullard, demeurant à Courcité, 8 septembre 1720, † 1734. — Jean-Baptiste Le Mesnager, bachelier de Sorbonne, licencié en droit, fils de Charles L., bailli de Courcité, et de Renée Le Maire, 4 mars 1734, « bon curé, ayant beaucoup d'esprit, gouvernant bien » (note de l'évêché en 1778), résigne « grevé d'infirmités corporelles » le 24 août 1787. — Jean-Baptiste Duval, de Villaines-la-Juhel, vicaire à Saint-Martin-de-Connée, « prêtre appliqué, d'une santé délicate, ayant de l'esprit, mais faible dans ses études » (note de 1778), installé le 17 novembre 1787, prête avec son vicaire, le 20 mars 1791, le serment restrictif, mais fermement catholique, et ne quitte sa paroisse qu'au printemps de 1792, pour aller s'interner à Laval, puis passe en Angleterre où il se fait imprimeur. Avec d'autres prêtres déportés, il édita, dit D. Piolin, le Memoriale vitæ Sacerdotis, et mourut de joie à la nouvelle de la pacification. — François Renard, vicaire à Champgeneteux, 1756, dénoncé au district par l'intrus le 16 août 1791, disparut pour quelque temps et rentra à Saint-Thomas, qu'il desservit pendant toute la Révolution avec un dévouement infatigable, ainsi que Courcité, Trans, Saint-Martin-de-Connée. Il fut nommé curé de Saint-Thomas en 1803 et mourut en 1827.
Prêtres catholiques qui exercèrent le ministère à Saint-Thomas : Jean-Baptiste Lebert, vicaire à Antoigny ; Christophe Blanche, curé de Challes ; François Barré et un anonyme connu dans le pays sous le nom « d'aumeunier des Chouans ».
L'intrus, Joseph-René Le Pescheux, vicaire à Courcité (V. ce mot), resta, malgré le mépris dont il était l'objet, jusqu'à la Terreur.
Carré, 1827-1828. — Mezières, 1828, † 1830. — Carré, 1830, † 1858. — Lainé, 1858-1861. — Guiton, 1861-1867. — Pioger, 1867, † 1886. — Lalos, 1886.
Le presbytère, contigu à l'église, fut vendu natt, et le curé était encore sans logement en 1807.
Grand cimetière autour de l'église. Les habitants demandent, en 1713, d'y élever un petit oratoire pour servir de reposoir à la procession du Saint-Sacrement. — Petit cimetière, dit des Innocents, séparé du premier par un chemin en l'an XII.
Écoles. — Jean-Baptiste Le Mesnager, curé, décédé le 2 février 1788, écrivait dans son testament : « Je veux qu'il y ait dans la paroisse des écoles gratuites…Je nomme pour maître d'école aux garçons M. Dugué, vicaire ; je sais son zèle pour leur instruction ;…pour maîtresse aux filles, Anne Blanchard, fille, qui, choisie par moi il y a plusieurs années, a fait les écoles des filles à mon contentement. » Le testateur léguait une somme de 4.000 ₶ (10.000 dit-on ailleurs) pour le loyer de deux maisons d'écoles, réglant qu'il n'y aurait que deux mois de vacances. — Écoles communales laïques ; école libre, tenue depuis 1895 pour les filles par les sœurs de Briouze, fermée le 17 juillet 1902.
D'après la notice de M. d'Achon, M. Le Mesnager aurait légué une somme de 20.000 ₶ aux pauvres. Tout récemment (1901), Mme Ricordeau leur a laissé un capital de 2.000 fr.
Féodalité. — Les seigneurs de Courceriers avaient le titre de fondateurs de l'église. D'après le marché conclu le 9 août 1667 entre Charles-Gallois Labbé et François Hanuche (V. ce nom), la tombe de Guillaume du Bois, placée dans la chapelle de Sainte-Barbe, devait porter une inscription différente de celle qui fut gravée effectivement et qui se terminait ainsi : Prions Dieu pour le repos de son âme et pour Madame Nicole du Plessis-Châtillon, son espouse, laquelle désire estre mise et enterrée dans ceste chappelle, auprès de son cher deffunt mary. Le travail n'a rien d'artistique et ne fut d'ailleurs payé que 150 ₶.
Notes historiques. — Localités de noms anciens : Beauvais, Courceriers, Hannoges, Chauchy, la Barre, Bossuault, Boisnault, le Plessis, le Châtelier. — Le 29 janvier 1434 (n. s.), les paroissiens, Jean Delatouche, chapelain, en particulier, paient un congé de trois mois aux Anglais de Mayenne. — Le 2 octobre 1639, Jean Ledouesne, notaire, est tué en son logis d'un coup d'arquebuse par un soldat dit Le Lorain. — Dysenterie, novembre 1639.
Le cahier de 1789, signé de dix-huit noms, ne porte que sur la réduction des impôts. — Un « aumeunier des Chouans » baptise à Saint-Thomas, avril et août 1796. — Étienne Mérille (V. ce nom), anticoncordataire, disait la messe à Beauvais, attirant beaucoup d'adeptes des cantons de Bais, Évron, Villaines, Prez-en-Pail. — Les éclaireurs prussiens traversèrent la commune par la route de Sillé en janvier 1871, mais ne séjournèrent jamais.
Maires : J. Gallerie, prairial an II. — François Fortin, 1798. — Jean-Baptiste Barbier, 1800, † 1812. — Vincent Blanche, 1815. — Parfait Blanche, 1815. — François Jouanne, 1815. — Parfait Blanche, 1815, 1817. — René Néré, 1817, 1834. — Jacques Mesnages, 1835, † 1840. — Jacques Brizard, 1840, 1843. — René Bouvier, 1843, 1853. — Richard Quentin, 1853, démissionne, 1853. — Victor Néré, 1854, 1861. — Arsène Quentin, 1861-1867. — Pierre Goussin, 1867-1870. — François Beucher, 1870-1877. — René-Louis Violas, 1878-1884. — Charles Violas, 1884-1887. — René-Louis Violas, 1887-1890 — Jean Thomas, 1890-1894. — Pierre Louveau, 1894.
Reg. par. depuis 1630 circa. — Bull. hist. de la M., t. VIII-XIII. — Arch. de la S., E. 23, f. 29. — Arch. nat., Q/3. 78. — Cab. d'Achon. — Couanier, Pèlerinages, p. 271. — Quelques tit. à la fab. — Etude de Meslay, minute Bourdais, 1667. — Arch. de la M., B. 2.170 ; fds de la Petite-Eglise.
Pour les localités, V. les art. : Beauvais, Courceriers, Fief-Garnier.