Tauvry (Daniel) - Tome III

Tauvry (Daniel), médecin célèbre, est issu d'une branche titrée des Landes dont le premier ancêtre connu, Étienne T., mari d'Anne Duchemin, fit baptiser à Houssay deux enfants, 1590, 1594. Ce bisaïeul du docteur eut pour fils Daniel T. qui épousa Anne Cormerie, père d'Ambroise T., médecin à Laval en 1667, attaché à l'hôpital aux honoraires de 20  par an, 1684-1692, mort le 16 avril 1695, veuf depuis le 6 janvier 1694 d'Anne Nupied. Daniel naquit de cette union. Il fut baptisé à la Trinité le 21 septembre 1669 par Jérôme Freuslon, et nommé par Daniel Duchemin, sieur de Courgé, et par Renée Fréard, femme de Michel Nupied, apothicaire. Il eut quatre sœurs et deux frères, parmi lesquels Michel qui, né le 27 avril 1677, prit la tonsure en 1691, mais était docteur-médecin en 1702 quand il mourut, laissant une fille unique nommée Anne.

Daniel fut un enfant prodige. Sous la direction de son père, il s'avança assez dans les lettres et la philosophie pour soutenir à dix ans des thèses sur ces matières. Ambroise T. lui donna les premières notions de son art, l'envoya étudier à Paris à l'âge de treize ans. Il eut pour professeur Duverney, célèbre anatomiste, et ses succès précoces furent tels qu'il put prendre le grade de docteur à Angers à la fin de sa quinzième année. Revenu à Paris, il étudia l'anatomie et publia en 1687 — il avait dix-huit ans : — La Nouvelle Anatomie raisonnée, ou les Usages de la structure du corps de l'homme et des autres animaux (in-12, avec 21 planches empruntées pour la plupart à d'autres ouvrages). Trois années d'études sur la thérapeutique lui permirent d'écrire un second volume intitulé : Traité des médicaments et de la manière de s'en servir pour la guérison des maladies, avec des formules pour leur composition (1690, in-12).

Pour obéir aux nouvelles ordonnances qui défendaient aux étrangers d'exercer la médecine dans la capitale, il se fit recevoir docteur de la faculté de Paris, continua ses recherches avec plus d'ardeur que jamais et donna en 1698 une Nouvelle pratique des maladies aiguës et de toutes celles qui dépendent de la fermentation des liqueurs (Paris, in-8). Fontenelle, avec lequel il était entré en relations, le nomma en qualité d'élève à l'Académie des sciences. L'année suivante, à la faveur du nouveau règlement qui augmentait le nombre des académiciens, il devenait membre associé. Fort de ses convictions et appuyé par Duverney, son vieux professeur, il soutint alors sur la circulation du sang dans le fœtus une opinion contraire à celle de Jean Méry, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, et savant anatomiste. Il mit tant d'ardeur dans la lutte scientifique contre cet adversaire entier dans ses idées, que sa santé en fut atteinte. La phtisie se déclara irrémédiable dès le commencement de l'année 1700, sans empêcher le malade de publier son Traité de la génération et de la nourriture du fœtus (Paris, 1700, in-12). Tauvry mourut au mois de février 1701. Fontenelle fit son éloge. Un de ses compatriotes — il signe L. D., — qui avait assisté à sa sépulture, en rend compte en ces termes : « Aujourd'hui, 9e jour de février 1701, mes amis de Laval et moi sommes allés rendre les derniers devoirs à notre jeune et savant compatriote Daniel Tauvry. Ses obsèques ont eu lieu à l'église Sainte-Geneviève, sa paroisse, au milieu d'un concours inouï d'amis et de personnes de qualité. La faculté, l'académie, le corps médical, y assistaient au grand complet. Un tel empressement de la part de cette foule d'élite témoignait plus éloquemment que tous les panégyriques du monde du mérite du jeune médecin… Daniel Tauvry n'avait que trente et un ans et pourtant il occupait déjà dans la société et dans la médecine une place distinguée… Quelle perte pour les sciences, pour ses amis, pour sa famille ! »

Les ouvrages de Tauvry eurent plusieurs éditions : la Nouvelle anatomie, en 1690, 1693, 1698, et une traduction latine à Ulm, 1694 ; le Traité des médicaments, en 1699, 1711 ; le Traité des maladies aiguës, en 1706. Il publia aussi dans les Mémoires de l'Académie des sciences (1699, p. 31, 46) : Observations sur l'histoire du fœtus, et Observations sur la rage.

La rue de Chapelle a porté en 1793 le nom de rue Tauvry, remplacé bientôt par celui de rue Guillaume-Tell.

Reg. par. de Laval. — Arch. de l'hôpital. — Arch. de la Vienne, H/3. 975. — Mémorial de la Mayenne, t. I, p. 314. — Desportes, Bibliog. du Maine. — Hauréau, Hist. litt. du Maine, t. X, p. 88. — Renouard, Essais, t. II, p. 173. — Moréri, Biog. univ. — Arch. nat., R/5. 389, f. 135. — Echo, 9 décembre 1847. — Reg. du directoire de Laval, brumaire an III. — Généal. Perier, mss.